Une université belge et l'Inra ont présenté vendredi à Laon (Aisne) un projet d'étude transfrontalier pour réduire les rejets de nitrates d'origine agricole et diminuer la pollution des nappes phréatiques.
C’est bien « la gestion durable des ressources naturelles qui est visée », soulignent les partenaires franco-belge de ce projet, au nombre de dix.
Baptisé Sun, pour Sustainable use of nitrogen (littéralement, utilisation durable de l'azote), le projet doit finalement permettre de mieux ajuster les quantités d’azote apportées, grâce à des pratiques de fertilisation mieux raisonnées, du fait d'« actions de recherche et de vulgarisation collectives ».
« Cette amélioration a pour conséquence de limiter les pertes d’azote vers l’air et les eaux mais également d’améliorer la performance économique des exploitations agricoles en limitant les excès », indique la plaquette institutionnelle du projet.
« Nous voulons développer des outils performants pour prévoir au plus juste la manière dont les sols vont mettre naturellement l'azote à la disposition de la plante et ainsi limiter les apports de fertilisants tout en préservant les rendements », a expliqué Christophe Vandenberghe, de l'université Gembloux Agro-Bio-Tech de Liège.
Les dix partenaires sur le projet Sun, dont trois partenaires scientifiques (Inra, Université de Liège, Gembloux Agro-Bio-Tech et Centre wallon de recherches agronomiques), deux partenaires privés et cinq partenaires du développement et du conseil aux agriculteurs, parmi lesquels les chambres d'agricultures de l'Aisne et de la région Nord-Pas-de-Calais, interviennent sur trois thématiques :
Améliorer les outils de conseil de fertilisation existants en France comme en Wallonie.
« La collaboration transfrontalière permet de valoriser les acquis expérimentaux belges et français et d’intégrer une large variabilité de situations pédoclimatiques et culturales. Il en est attendu une amélioration très sensible de l’efficacité des outils. »
L’objectif de cette action est d’améliorer des outils de conseil de fertilisation en vue d’optimiser l’utilisation d’engrais azoté en agriculture et, par conséquent, de réduire les impacts négatifs sur l’environnement (air et eau).
Evaluer l’impact de l’agriculture sur le lessivage du nitrate et le bénéfice environnemental et économique attendu grâce à l’utilisation des outils de conseil de fertilisation à l’échelle du bassin hydrologique.
« Les expériences acquises en France et en Belgique dans le suivi de petits bassins versants, valorisées en commun permettent d’affiner la qualité des évaluations attendues. »
L’objectif final de cette action est d’évaluer l’impact de scénarii climatiques et pratiques agricoles innovantes sur la lixiviation de l’azote nitrique à partir de modèles franco-wallons, en précisant l’incertitude des résultats. Pour la première fois, insistent les partenaires du projet Sun, les simulations seront conduites avec les mêmes méthodes dans deux régions européennes grâce aux partenaires impliqués.
Diffuser les outils auprès des organismes de conseil en agriculture, informer les décideurs politiques du bénéfice escompté par leur utilisation et inciter les agriculteurs à raisonner leur fertilisation et les encadrer dans leur démarche.
« Les expériences croisées des organismes de conseil français et wallon permettent une appropriation beaucoup plus rapide des outils par les organismes de développement agricole mais également par les agriculteurs eux-mêmes en mutualisant des outils de communication, formation... »
L’objectif final de cette action est d’inciter l’ensemble des agriculteurs à mieux adapter leurs pratiques pour limiter les pertes d’azote vers les eaux. Cela repose sur un meilleur raisonnement de leur fertilisation et le développement de l’implantation des cultures pièges à nitrate.
Le projet Sun veut collecter et mutualiser des résultats d'études sur l'utilisation des fertilisants azotés pendant trois ans pour aider les agriculteurs à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement.
Selon M. Vandenberghe, près de 20.000 agriculteurs des départements du Nord, de l'Aisne, des Ardennes et de toute la région wallonne frontalière seraient concernés par l'opération. Ils pourront recevoir des conseils pour mieux ajuster les quantités d'azote apportées et développer des cultures « pièges à nitrate » comme la moutarde.
« L'utilisation par exemple de logiciels spécialisés a déjà permis de réduire l'impact nitrate sur deux bassins hydrologiques en France et en Belgique qui servent de pilotes depuis les années 1990. Il s'agit maintenant à travers cette collaboration franco-belge d'étendre plus largement ces pratiques », a précisé Nicolas Beaudoin de l'Inra.
Pour connaître l’avancée des projets et les différents outils livrables au fur et à mesure de leur parution, vous pouvez consulter : http://www.sun-interreg.eu