Le projet de réouverture de l'abattoir de porcs de Lampaul-Guimiliau (Finistère), porté par des anciens cadres de Gad, a été abandonné après que la justice a ouvert la porte à une reprise de la société d'abattage par le groupe Intermarché, a-t-on appris vendredi.
Le projet visait la création de 250 emplois sur l'ancien site d'abattage de porcs de la société à Lampaul après sa fermeture – 889 emplois supprimés – en octobre dernier par l'entreprise qui a regroupé ses activités à Josselin (Morbihan).
Selon les sept anciens cadres de Gad, la perspective d'une reprise de l'abattoir de Josselin par Intermarché « bouleverse les conditions du marché de l'abattage et de la découpe français ». « De ce fait, ce projet de création de 250 emplois [...] ne pourra donc pas aboutir », concluent-ils dans un communiqué.
Le projet, baptisé Lampaul Agro, prévoyait l'abattage de 9.500 porcs par semaine (contre 28.000 auparavant chez Gad). Il disposait du soutien de quatre groupements de producteurs de porcs, représentant 50 % de la production bretonne, mais aussi d'élus locaux, des chambres d'agriculture, d'industriels privés et coopératifs.
« Intermarché à Josselin, ça tue la filière »
Le tribunal de commerce de Rennes a prononcé la liquidation judiciaire de Gad (850 salariés) le 11 septembre 2014 avec une poursuite d'activité de trois mois, ce qui va permettre au groupe Intermarché de déposer une offre de reprise. Cette offre ne concernera que le site de Josselin et non celui de Lampaul où travaillent encore 70 personnes.
« Intermarché à Josselin, ça tue la filière », a indiqué, amer, à l'AFP vendredi sous couvert d'anonymat, l'un des sept anciens cadres. « Ça va être un tsunami pour les acteurs de la filière car Intermarché est un gros client et tous les débouchés qu'il représentait vont se fermer au bénéfice de Josselin », a-t-il expliqué, assurant qu'il n'y aura pas de « chaises musicales vu que Josselin est dans de telles difficultés qu'il n'a pas de portefeuille commercial ».
Le projet Lampaul Agro avait fait l'objet d'un audit commandé par les pouvoirs publics au cabinet Deloitte, qui avait confirmé son « sérieux », selon le conseil général du Finistère, la Région et la préfecture de la Bretagne.