Au moins une soixantaine de producteurs de porcs sont venus assister à la séance au Marché du porc breton jeudi à Plérin (Côtes-d'Armor). Ils répondaient à l'appel des FRSEA et JA Bretagne, Basse-Normandie et Pays de la Loire qui avaient prévu de réunir la presse sur place à midi.
Les événements ont cependant pris une toute autre tournure. Après une heure d'échanges, Francois Valy, le président de la section porcine de la FRSEA Bretagne, a dû mettre sur pied une action à l'encontre d'un distributeur, en l'occurrence le centre Leclerc situé à quelques centaines de mètres de là.
Dès le début de la séance, les enchères étaient en effet à la baisse. Apres l'annonce d'une chute de 6 centimes du cours allemand mercredi, les abatteurs ont demandé un prix de retrait à 4,5 centimes. « Si nous ne sommes pas capables de bloquer les prix ici, il va falloir se bouger le cul, a lancé un des éleveurs présents. Il va falloir aller voir les salaisonniers. »
Pourquoi eux ? Parce que les producteurs ne supportent plus de se voir imposer des cahiers des charges qui ne sont pas valorisés à travers la mention de l'origine géographique. « La chasse au camion a payé par le passé, a rappelé un autre éleveur. C'est triste à dire. »
La tension est montée dans la salle. « Si aujourd'hui on reste à regarder le prix baisser, on s'en va, a constaté amèrement un producteur. C'était déjà comme ça jeudi dernier. Où sont les responsables syndicaux ? » Un autre éleveur a rebondi et s'est adressé aux groupements de producteurs. « On vous soutiendra », a assuré Michel Bloc'h, le president de l'UGPVB (union des groupements de producteurs de viande de Bretagne). « Nous voulons plus qu'un simple relais, a prévenu la salle. Nous voulons un appui. Il faut se déplacer, pas regarder. Les légumiers ont enclenché le mouvement. Les gens sont prêts à bouger. »
Action chez Leclerc
La pression est grimpée encore d'un cran. François Valy est revenu dans la salle. « Nous sommes partis pour 4 centimes de baisse, a-t-il reconnu. Bloquer le marché ne changera rien. Je vous propose d'aller devant une grande surface d'ici à 30 minutes. »
Mais une partie de la salle voulait aller plus loin et contrôler la marchandise en rayon. « Tout ce qui n'est pas français, faut le faire brûler », a insisté une personne. Finalement, ce sera le centre Leclerc, situé à moins de 500 m à vol d'oiseau, qui sera choisi.
Les débats se sont poursuivis et un semblant de consensus s'est dégagé. Les usines des groupes de salaisonnerie que les producteurs accusent de ne pas jouer la carte de l'origine France, sont hors de portée. « Viser la grande distribution ? s'est interrogée une personne. Ce sont nos clients. Comment faire ? Mais ce sont aussi les donneurs d'ordre. »
Et la réponse n'a pas tardé : « Il faut leur imposer de demander à leur fournisseurs des cahiers des charges avec du porc français. Nous n'aurons pas les moyens d'aller chez Herta ou Madrange. »