L'Organisation des producteurs de lait (OPL), affiliée à la Coordination rurale, estime insuffisant le «semblant de hausse» de prix du lait annoncée pour le troisième trimestre. Pour le syndicat, «le Cniel méprise les producteurs laitiers».
«Contrairement à la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), l’OPL accueille avec colère la recommandation du Cniel, mardi dernier, d’augmenter de 13,23€/1.000 litres le prix du lait payé aux producteurs, ajoute-t-elle dans un communiqué publié jeudi. Soit seulement un peu plus de 0,01€ par litre!»
«La raison invoquée par l'interprofession est de respecter la règle de calcul (décidée dans l'accord sur le prix du lait de janvier 2006), explique un animateur du syndicat. Mais ils vont finir par se trouver dans la situation inverse de celle attendue, à savoir une démotivation des producteurs devant la faiblesse de cette hausse», alors que les industriels ont besoin de lait et que les marchés se portent bien.
Alors que la France accuse un déficit chronique en lait, l'OPL regrette que son prix reste inférieur au coût de production. «Aucun secteur d’activité ne peut accepter de travailler à perte», rappelle le syndicat, qui craint que cette recommandation ne fasse qu'accentuer la «démotivation des producteurs», alors même que la France a perdu près de 10.000 producteurs de lait entre 2004 et 2006.
Dans son communiqué, l’OPL appelle donc l’ensemble des producteurs à réagir. «Des blocages de collecte sont en cours, ce n’est que le début», prévient le syndicat.
Les actions ont débuté le week-end dernier dans le Morbihan, à l'appel de la CR 56 (Coordination rurale 56), avec plusieurs blocages de camions de collecte durant deux, trois heures. Des rencontres ont eu lieu lundi avec Lactalis et Entremont Alliance. «Les industriels se disent d'accord pour faire un effort substantiel et mieux rémunérer les producteurs, mais tous se retranchent finalement derrière l'accord interprofessionnel», regrette Jean-Yves Guillaume, membre de la CR 56.
Le mouvement s'est étendu hier à l'Ille-et-Vilaine, où des blocages ont eu lieu à Vitré et à Rennes.
Une délégation était reçue jeudi à 15 heures par la laiterie La Malouine. «La rencontre s'est mal passée, témoigne Eugène Baratte, président de la CR 35. Les responsables ne veulent rien céder. Ils se cachent derrière l'accord.»
Il critique la «trahison du syndicalisme majoritaire» et des coopératives sur ce dossier. Les militants réclamaient une hausse «substantielle» de 50 €/1.000 l au minimum, un montant qu'ils n'estiment pas infondé au vu de la hausse des charges (carburant, aliments...).
Le beau temps qui arrive risque de suspendre les actions, mais ces dernières reprendront, avertit l'OPL.