Le quatrième trimestre a débuté, mais les producteurs ne savent toujours pas à quel prix leur lait sera payé. Ni les industriels ni la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) ne semblent pressés de communiquer sur cette question. Ils espèrent un déblocage de la situation dans un cadre interprofessionnel, qui pourrait intervenir dans les prochains jours.
Ensuite, il faudra bien annoncer une tendance. Sans doute à la baisse, ce qui peut aussi expliquer le manque d'empressement à communiquer. Au vu du marasme dans les produits industriels et la stagnation de la consommation intérieure, les industriels veulent imposer une baisse et travaillent les esprits en ce sens. Les rumeurs circulent, qui font état d'un recul de 30 à 70 €/1.000 l au quatrième trimestre par rapport au même trimestre de 2007.
Un chiffre qui fait bondir les syndicats minoritaires, tenus à l'écart des discussions. «Nous ne pouvons pas accepter des prix inférieurs à nos coûts de revient et la rémunération de notre travail, comme dans toute entreprise, soulignaient Philippe Marquet et Yves Leperlier, qui représentent la Confédération paysanne à l'Office de l'élevage, à l'issue de la commission nationale laitière du syndicat. Nous demandons donc 420 €/1.000 l, même si nous concevons que certaines laiteries puissent être en difficulté.»
La Coordination rurale milite aussi pour l'intégration des prix de revient, et maintient sa revendication d'un lait à 400 €/1.000 l au minimum.
Quant à la FNPL, elle ne s'oppose pas à une évolution des indicateurs et une plus grande réactivité de la fixation du prix, «mais il y a désaccord sur la date de mise en oeuvre, souligne Marcel Denieul, son vice-président. Pour nous, ce n'est pas avant 2009. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas discuter de la problématique d'une entreprise en particulier, mais rester dans le cadre d'un accord global, au niveau de l'interprofession.»
A ce rythme, il sera difficile de trouver un terrain d'entente avec les transformateurs, crispés face à la mauvaise conjoncture économique. «Il y a 500 millions de litres de lait en trop en France par rapport aux débouchés, payés au prix fort en début d'année mais valorisés à 220 €/t», argumente Jehan Moreau, directeur de la Fnil (Fédération des industries privées). Pour lui, il faudrait rattraper cette perte au quatrième trimestre, sans compter celles «liées aux baisses des cours et les négociations difficiles avec les distributeurs».
Certaines entreprises sont peut-être en difficulté, mais c'est aussi le cas pour certains éleveurs. «L'affaire Entremont amène à réfléchir sur le fond: quelle filière laitière veut-on en France, avec combien d'acteurs? Le bilan des Acal pour 2008 montre que des producteurs disposant de gros quotas veulent arrêter, y compris dans des départements laitiers, comme la Mayenne ou la Manche», avertit Philippe Marquet. La filière se dirige-t-elle vers une nouvelle période de restructurations des élevages et des industries?
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