«Un tournant décisif pour les produits de base», tel est le sous-titre du rapport de la Banque mondiale, Perspectives économiques mondiales pour 2009, publié mardi, a souligné l'institution dans un communiqué. Il «révèle qu’à l’avenir la demande et l’offre de produits de base, comme le pétrole et les denrées alimentaires, pourront atteindre un équilibre à condition d’adopter des politiques adaptées dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture», poursuit-elle.
Plus globalement, le rapport examine l’impact de la crise financière sur la croissance du PIB dans chacune des régions du monde et note partout un net ralentissement, y compris dans les pays en développement jusqu’ici moins touchés. La croissance mondiale du PIB passerait ainsi de 2,5% en 2008 à 0,9% en 2009.
«La forte baisse des prix du pétrole et des produits alimentaires enregistrée récemment marque la fin de la hausse la plus importante qu’aient connue les prix des produits de base au cours des cent dernières années. Comme les précédents, cette flambée des prix avait pour moteur la forte croissance de l’économie mondiale et s’est terminée avec son soudain ralentissement, précipité par la crise financière», observe la Banque mondiale.
Elle prévoit que les prix devraient «demeurer plus élevés que durant les années 1990 au cours des 20 années à venir, du fait de la demande de céréales, liée à l’utilisation des biocarburants. Le prix du baril de pétrole devrait se situer autour de 75 dollars l’année prochaine et, durant les cinq prochaines années, les prix réels des aliments dans le monde devraient demeurer supérieurs de 25% aux prix en vigueur dans les années 1990».
«Malgré la baisse des prix des produits de base, le problème de l’offre et de la demande reste préoccupant sur le long terme, tout comme les conséquences de ces prix élevés sur les populations pauvres», poursuit la Banque mondiale.
«Il nous semble que les spéculations concernant la pénurie de nourriture et d’énergie qui nous menace ne sont pas vraiment fondées et que le monde ne sera pas à court de produits de base si l’on adopte les mesures adaptées», affirme Andrew Burns, le principal auteur du rapport.
«L’évolution de la situation au cours des 20 prochaines années va dépendre des mesures prises par les gouvernements pour réduire la dépendance pétrolière, promouvoir des énergies de substitution, combattre le changement climatique et stimuler la productivité agricole», poursuit-il
«Etant donné que la croissance de la population se ralentit, le monde n’est guère exposé au risque de pénurie alimentaire. Cependant, la demande pourrait excéder l’offre dans certains pays dont la population connaît une croissance rapide, notamment en Afrique. Ces pays doivent renforcer la productivité agricole nationale en améliorant les réseaux routiers dans les campagnes et en mettant l’accent sur la recherche et le développement dans le secteur agricole», explique le rapport de la Banque mondiale.
Selon M. Burns, «le changement climatique pourrait entraîner une baisse de la productivité agricole pouvant atteindre 25% d’ici à 2080 si l’on ne réagit pas. Il ne faut pas relâcher les efforts, mais au contraire prendre des mesures, y compris en soutenant le développement technologique».
«Les prix du carburant risquent de continuer à influer considérablement sur le prix des aliments du fait de l’augmentation de la production de biocarburant à partir des récoltes alimentaires. Cependant, les nouvelles technologies, telles que la production de biocarburants sans utilisation de céréales, ainsi que d’autres énergies de substitution, pourraient rendre les biocarburants à base de céréales peu avantageux sur le plan économique», prévoit également l'institution.