Lors des seizièmes Rencontres Farre, le 16 janvier 2014 à Paris, les progrès réalisés par les agriculteurs en protection intégrée ont été montrés ainsi que les opportunités pour produire plus et mieux. Les points de blocage et les attentes ont également été abordés.
La protection intégrée, c'est un « escalier qu'on monte pas à pas », témoignait un agriculteur adhérant au réseau Farre (Forum des agriculteurs responsables respectueux de l'environnement) dans une vidéo d'introduction intitulée « La protection intégrée : notre ambition pour produire autrement ».
« La notion de risque est difficile à prendre au départ, reconnaît Benoît Collard, agriculteur adhérant à Farre dans la Marne qui intervenait lors d'une table ronde sur les grandes cultures. Pour trouver le bon équilibre, il faut être très attentif à la météo, aux nouvelles techniques, et faire beaucoup d'observations dans les champs. Cela nécessite aussi de réinvestir dans la main-d'œuvre. »
Tous les intervenants à cette table ronde ont mis en avant l'importance des outils d'aide à la décision pour réussir la protection intégrée ainsi que le besoin d'acquisition et d'exploitation des données. « On ne pourra bouger que ce qu'on mesure, a assuré Bertrand de Launay, directeur général d'InVivo Agro, mais il ne faut pas des données simplistes. » Il faisait allusion à l'IFT (indice de fréquence de traitement) qui a été décrié par plusieurs orateurs, dont Daniel Segonds, président du Gnis (Groupement interprofessionnel des semences et plants). Ce dernier a par ailleurs insisté sur le fait que « la protection intégrée passera par la technologie ».
Interpellé sur la manière de passer des pionniers à l'ensemble des agriculteurs, Bertrand de Launay a estimé qu'« aujourd'hui, il y a un changement de mentalité des agriculteurs. Ils sont prêts. On est sorti des pionniers, c'est plus large aujourd'hui et il faut continuer le déploiement. Pour cela, il faut inciter les agriculteurs. » « Laissons de la responsabilité aux agriculteurs, ils rentreront mieux dans la démarche de protection intégrée », est intervenu dans la salle un autre agriculteur de la Marne.
« Je dis aux autres agriculteurs de sortir de leurs fermes, d'aller voir d'autres organisations pour apprendre de nouvelles techniques », a lancé également Benoît Collard. Un discours proche de celui de Maximilien Rouer, président de BeCitizen, qui estime qu'il ne faut pas « rester dans l'entre-soi mais aller chercher toutes les palettes de couleurs pour faire passer les évolutions ». Selon lui, « plus que de produire autrement, il faut vendre autrement afin de satisfaire la diversité actuelle des consommateurs. Cela passe par une segmentation du marché car aujourd'hui, avec internet, nous sommes dans un monde qui s'individualise ». « Ce qui commence à être possible dans l'automobile (où le consommateur peut tout choisir) sera valable pour tous les segments économiques, y compris l'agriculture », insiste-t-il.