Le cancérologue Dominique Belpomme a admis mercredi quelques «inexactitudes» dans son rapport sur les pesticides aux Antilles, tout en maintenant le terme d'«empoisonnement», mercredi, lors d'une audition à l'Assemblée nationale.
Dans son rapport, rendu public en septembre, le professeur Belpomme estimait que l'usage de pesticides – le chlordécone – dans les Antilles jusque dans les années 1990 constitue «une bombe à retardement» sanitaire.
Il s'inquiétait notamment du nombre d'ores et déjà élevé de cancers de la prostate et du sein en Martinique et en Guadeloupe – sans établir un lien de causalité avec le chlordécone.
«Il y a des inexactitudes dans les détails (du rapport, ndlr). Mais le message de fond reste pertinent», a-t-il déclaré mercredi devant la commission des affaires économiques. Son président Patrick Ollier (UMP), des députés antillais assistaient à l'audition, de même que des scientifiques de l'InVS, de l'Afssa et de l'Inserm, très sceptiques.
«Les incertitudes, peut-être même les inexactitudes, qui existent dans ce rapport résultent d'une tromperie des informations que nous avons récoltées en Martinique», a expliqué le professeur, rejetant la faute sur des scientifiques locaux.
«Je ne renie pas le terme d'empoisonnement», a poursuivi le cancérologue, réclamant «un plan d'action coordonné pour sortir les Antilles» de la pollution.
«Je vous remercie, professeur, d'avoir indiqué que votre rapport comportait des inexactitudes. Je dis à ceux qui l'ont utilisé qu'il faut faire attention avant de le lancer dans les médias», a ironisé M. Ollier.
Président du conseil régional de Guadeloupe, Victorin Lurel (PS) a de nouveau réclamé une commission d'enquête parlementaire, mais sans succès, M. Ollier s'en tenant à un «comité de suivi».
M. Lurel a ajouté qu'il ne comprenait pas pourquoi il y avait «un corporatisme de la recherche pour récuser Belpomme».
Les scientifiques de l'Inserm, de l'InVS et de l'Afssa ont en effet opposé des doutes aux affirmations de leur collègue durant l'audition.
«Nous sommes tous d'accord avec les préoccupations de M. Belpomme. Là où nous ne sommes plus d'accord, c'est le passage du questionnement aux certitudes. Je demande que l'on dépassionne le débat», a déclaré Daniel Eilstein de l'Institut de veille sanitaire (InVS).