Le groupe Agrica poursuit l’étude lancée en 2007 sur le vieillissement des retraités agricoles avec le soutien de la MSA. Cette étude épidémiologique suit une cohorte de 1.000 retraités de l’agriculture de Gironde (25% d’agriculteurs, 75% de salariés de la production) pendant cinq ans.
L’équipe du professeur Dartigues, neurologue et spécialiste de santé publique à Bordeaux, mène l’étude et fait le parallèle avec un travail équivalent réalisé en ville.
Les chercheurs ont enregistré un plus faible niveau d’étude et de revenu chez les retraités agricoles enquêtés. Ils notent des déficits sensoriels: les problèmes de vue sont présents chez plus de la moitié d'entre eux (15% en ville). Ils relèvent aussi des déficits d'audition chez 40% d'entre eux. La suite de l'étude approfondira les raisons de ces soucis oculaires: s'agit-il d'une raison médicale, d'une raison financière, du manque d'ophtalmologiste?
Si seuls 30% des retraités agricoles se déclarent totalement autonomes, 8% sont touchés par une dépendance sévère. Sur les 1.000 retraités enquêtés, 45% d'entre eux reçoivent la visite quotidienne d’un proche. L'aide professionnelle concerne 23% d'entre eux. Ils restent actifs: si la quasi-totalité regarde la télévision, un sur deux lit le journal, presque autant bricolent, jardinent ou marchent quotidiennement.
Ils sont bien suivis par leur médecin: 64% le consultent au moins tous les deux mois. Ils souffrent particulièrement de troubles de l’équilibre, d’essoufflement, d’obésité, de déficits visuels (52,3% contre 15% en ville). La maladie de Parkinson (3%) les frappe deux fois plus que les citadins.
Vient ensuite le problème des démences, particulièrement étudiées dans cette cohorte. Les démences sont plus nombreuses qu’en ville: 15% après 75 ans (5% en ville). Dans 70% de ces cas de démence, la famille vient à l’aide. L’appui professionnel reste sous-utilisé avec 50% des situations.
Enfin, les retraités agricoles malgré leur moindre aisance financière et leur santé plus exposée, et malgré le sentiment d'avoir quitté à regret un métier aimé, vivent leur retraite comme un événement positif et l'associe à un meilleur bien-être au quotidien.
Ils sont moins dépressifs (9%) qu'en ville (15%): «La vie en milieu rural et agricole apporte ses réponses psychosociales efficaces face à de multiples problèmes de santé liés au vieillissement. Ne bouleversons pas l'équilibre existant avec des réponses toutes faites venues de la ville. La suite de l'étude va permettre d'approfondir ces recherches. Nous souhaitons travailler plus étroitement avec les sciences humaines.»
A télécharger :
-
Les résultats de l'étude Agrica (221.76 Ko).