«Les virus peuvent émerger davantage que par le passé», a averti lundi le professeur Albert Osterhaus, du département de virologie de l'Université de Rotterdam (Pays-Bas), lors d'une conférence sur le thème des maladies émergentes animales et humaines, organisée à Annecy à l'occasion du Conseil informel des ministres de l'Agriculture des 27. En cause, la mobilité des populations, les changements écologiques (réchauffement climatique, pollution...) et le bioterrorisme (d'abord par la nature).
Les événements sanitaires de ces dernières années (ESB, influenza aviaire, fièvre aphteuse, fièvre catarrhale, etc.) ont conduit les gouvernements à s'interroger régulièrement sur les moyens et la pertinence des outils de veille et de prévention sanitaires à leur disposition. Mais chacun de son côté.
Le scientifique préconise une approche radicalement opposée: «Il faut favoriser la collaboration entre les Etats membres car les oiseaux migrateurs ne connaissent pas de frontières et les conséquences peuvent être rapidement mondiales. Il faut associer tous les organismes de recherche, les vétérinaires comme le monde médical afin d'être alerté le plus tôt possible et surtout être préparé».
Or, selon lui, l'Union européenne n'est pas prête, particulièrement si elle doit à nouveau faire face à une grippe. «Le virus H5N1 peut-il être la base d'une nouvelle pandémie?», s'est interrogé le scientifique. «Ce serait alors très grave.» Tous les nouveaux virus qui apparaissent provenant des animaux, il estime qu'il faut travailler à la surveillance des pathogènes sur les animaux sauvages mais aussi domestiques. «Il faut investir plus pour avoir une réaction rapide, trouver de nouveaux pathogènes et réagir», a-t-il insisté.
Une fois que la maladie est là, le vaccin semble le meilleur moyen de lutter contre elle. «Il ne faut pas mettre de restriction aux vaccins, a indiqué Bernard Vallat, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Pour l'instant, leur utilisation par les Etats membres est trop prudente. Ils ont beaucoup d'avantages que nous n'avons pas utilisés».
Un problème commercial rend les gouvernements frileux. «Les pays importateurs ne veulent pas prendre de risques», souligne Bernanrd Vallat. Or, il est possible de savoir si l'infection vient du virus ou du vaccin. Il reste à convaincre les pays importateurs. Plusieurs Etats membres se sont inquiétés de ce risque d'embargo, parfois non pertinent.
«Nous devons éviter ce type de réaction commerciale sinon cela n'incite pas à la transparence et à la rapidité», a soulevé le ministre allemand de l'Agriculture. Pour lui, il est également nécessaire de mettre en place un système de compensation efficace pour que les agriculteurs n'hésitent pas non plus à déclarer la maladie. Il a demandé que cette question puisse être traitée dans le bilan de santé de la Pac.
Pour conclure ce débat, Michel Barnier a notamment annoncé la présentation, d'ici à la fin de l'année, de ses conclusions sur le mémorandum sur les importations. Il a également lancé l'idée d'un réseau euro-méditerranéen de santé animale. «C'est pourquoi il me semble particulièrement important de doter la Pac des instruments financiers nécessaires et suffisants, tant pour prévenir les crises que pour les gérer quand elles sont là, notamment pour aider les agriculteurs à surmonter leurs pertes économiques».
La question devrait être abordée mardi à l'occasion d'un grand débat des 27 sur l'avenir de la Pac après 2013.