«Il existe probablement des solutions plus adaptées que le coefficient multiplicateur» pour faire face à la crise actuelle qui frappe la salade, a affirmé Angélique Delahaye, présidente de la Fédération nationale des producteurs de légumes (FNPL). Le ministre de l’Agriculture Dominique Busseraeu avait brandi jeudi la menace d’appliquer ce système qui limite la marge des distributeurs dès la semaine prochaine si les grandes surfaces n’étaient pas «capables de proposer un prix correct aux producteurs».
Angélique Delahaye estime peu probable que cet outil fasse remonter les prix à la production, car les prix au détail ont déjà baissé de façon importante. «Ce qu’il faut avant tout, c’est relancer la dynamique de la consommation» grâce à des mises en avant sur les lieux de vente et «donner les moyens aux producteurs français d’être compétitifs face à la marchandise espagnole, italienne et portugaise qui tire les prix vers le bas», a déclaré la présidente de la FNPL.
Les propos tenus par le ministre ont suscité des réactions bien plus véhémentes du côté de la distribution et de l’interprofession. Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), s’est dit «choqué» par le discours de Dominique Bussereau, «alors que nous travaillons pour avancer sur le sujet». «Le coefficient multiplicateur relève du rayon farces et attrapes, c’est de l’économie administrée, cela n’a jamais rien réglé», a-t-il lâché.
Même son de cloche du côté d’Interfel, dont le président Gilles Vignaud, également président de l’Union nationale des syndicats de détaillants en fruits, légumes et primeurs, estime «inopportun et injustifié de vouloir chercher des boucs émissaires, notamment en se focalisant sur les comportements d’opérateurs de l’aval de la filière, comme viennent de le faire les pouvoirs publics». Selon Gilles Vignaud, «la mise en place du coefficient multiplicateur est une réponse inadaptée à la situation économique actuelle et relève du leurre». Ce type de décision pourrait même conduire à «déstabiliser la filière».
La salade n’est pas le seul produit à traverser une passe difficile. L’ensemble des légumes d’hiver sont durement touchés en raison de conditions climatiques qui favorisent une production abondante tout en limitant la consommation.