L'expérimentation à grande échelle « 2.000 ha en dérobé » lancée en juin 2011, par la chambre d'agriculture de la Somme pour faire face au manque de fourrage du printemps, à cause de la sécheresse, a rencontré un réel succès auprès des éleveurs.
« Ce sont au total 2.500 ha de cultures dérobées qui ont été implantés par 253 éleveurs, sur plus de 300 parcelles au total, précise Stéphane Verscheure, responsable du service de l'élevage à la chambre d'agriculture. Nous avons profité de la conduite de cette opération de grande ampleur, pour mettre en place une expérimentation à grande échelle. »
« Nous avons opté pour un mélange d'avoine et de pois derrière de l'escourgeon et du blé, en plus du ray-grass que nous implantons habituellement, explique Hugues Spitaels, éleveur à Meigneux, près de Poix-de-Picardie. L'herbe au printemps a été beaucoup moins productive que d'habitude, et nous avons entamé très rapidement notre stock de luzerne enrubannée. Les cultures de dérobées ont été très appréciables pour compenser ce déficit de fourrage et nourrir correctement nos 85 vaches laitières. »
Derrière l'escourgeon, les 10 ha du mélange de 60 kg/ha d'avoine et de 50 kg/ha de pois, semé le 8 juillet ont été très productifs, entre 4 et 4,5 t/ha de matière sèche. « Nous l'avions implanté dans de très bonnes conditions, derrière un labour et avec 30 unités d'azote trois jours après le semis », précise le jeune agriculteur.
« En revanche la parcelle semée derrière du blé, un mois plus tard, a été beaucoup plus décevante, puisqu'elle n'a fourni que 2 t/ha de matière sèche. » Les cultures dérobées ont été ensilées le 5 octobre et étalées dans le silo avant l'ensilage de maïs. « Les analyses ont montré qu'il s'agit d'un aliment tout à fait intéressant, 0,81 UFL, un bon équilibre PDIN-PDIE et qui apporte de la fibre à la ration », indique-t-il.
Chez l'ensemble des éleveurs, plusieurs types de mélanges ont été testés, de l'avoine classique ou diploïde-pois, de l'avoine-vesce, du ray-grass, colza fourrager...
« L'expérimentation a montré que les cultures de dérobées présentaient un intérêt à condition d'être implantées dans de bonnes conditions, résume Jean-Pierre Pardoux, de la chambre d'agriculture. Un tiers des parcelles ont fourni plus de 3 t/ha de matière sèche, donc un rendement intéressant. Par contre, un tiers d'entre elles ont obtenu moins de 2 t/ha de matière sèche, ce qui n'est pas suffisant au regard des 100 € en moyenne investis en semences. »
Pour lui, il ne faut pas non plus négliger la densité de semis, un équilibre 60 kg d'avoine classique pour 40 kg de pois ou 80 kg d'avoine-20 kg de vesce semble correct. Le choix variétal est également essentiel car certaines variétés sont très sensibles aux maladies... autant de sujets qui seront affinés par la chambre d'agriculture dans les expérimentations de 2012.
Pour inciter les éleveurs à participer à l'opération « 2.000 ha en dérobé » de cet été, la chambre d'agriculture et le conseil général de la Somme ont financé une partie de l'achat des semences aux agriculteurs, de 25 à 40 € selon le mélange retenu. Plusieurs coopératives et semenciers se sont mobilisés pour fournir dans l'urgence les semences, et en particulier pour le mélange dit « local » d'avoine classique et de pois, le sélectionneur Lemaire-Deffontaines.