Le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf, a appelé les leaders de la planète à consacrer «30 milliards de dollars par an à la relance de l’agriculture et pour écarter ainsi le spectre des conflits alimentaires». L'ouverture du sommet de la FAO sur la crise alimentaire, qui se tient jusqu'à jeudi au siège de l'organisation à Rome, a été dominée par la controverse sur les biocarburants et les subventions agricoles.
Le directeur général «a fait observer qu’en 2006 le monde a dépensé 1.200 milliards de dollars en armements alors que, dans un seul pays, les déchets alimentaires annuels atteignent 100 milliards de dollars et que l’excès de consommation des personnes obèses dans le monde coûte 20 milliards de dollars», selon un communiqué de la FAO.
«Est-il possible dans ces conditions d’expliquer aux personnes de bon sens et de bonne foi que l’on ne peut pas trouver 30 milliards de dollars par an pour permettre à 862 millions d’affamés de bénéficier du droit humain le plus fondamental, celui à la nourriture, donc à la vie?», s’est interrogé Jacques Diouf.
«La solution structurelle au problème de la sécurité alimentaire dans le monde, c’est l’accroissement de la production et de la productivité dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier», a-t-il souligné.
La part de l’agriculture dans l’aide publique au développement a chuté, passant de 17% en 1980 à 3% en 2006, a-t-il rappelé.
«Personne ne comprend que des soutiens de 11 à 12 milliards de dollars en 2006 aient été utilisés pour détourner de la consommation humaine 100 millions de tonnes de céréales pour notamment étancher la soif de carburant des véhicules.
Personne ne comprend, qu’en cette période de globalisation des échanges, aucun investissement sérieux ne soit engagé dans la lutte préventive contre les maladies transfrontières, notamment la maladie de Newcastle, la fièvre aphteuse, la fièvre de la vallée du Rift, la péripneumonie contagieuse bovine et bien d’autres maladies.
Mais surtout, personne ne comprend que les pays de l’OCDE aient provoqué la distorsion des marchés mondiaux avec 372 milliards de dollars de soutien à leur agriculture en 2006», a poursuivi le directeur général de la FAO.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé que soient prises des mesures pour «agir à long terme pour renforcer la sécurité alimentaire mondiale» et a espéré que les pays aboutissent «à un plus grand consensus international sur les biocarburants», accusés d'être un facteur de la flambée des prix des denrées.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, dont le pays est le deuxième producteur d'éthanol après les Etats-Unis, a rétorqué que «les biocarburants», qui sont soupçonnés d'aggraver la flambée des prix des denrées alimentaires, «n'étaient pas des bandits».
Les biocarburants peuvent «au contraire devenir un outil important pour sortir les pays de l'insécurité alimentaire», a souligné Lula devant les leaders de la planète présents à Rome pour cette conférence internationale de trois jours.
Dans son discours, Ban Ki-moon a aussi souhaité que soient abandonnées «les politiques économiques qui créent des distorsions de marché» alors qu'elles sont soupçonnées d'aggraver la crise, et a plaidé pour un accord dans le cadre de l'OMC. Il a ainsi lancé un appel à l'arrêt des restrictions aux exportations alimentaires «pour des raisons humanitaires».