Le bilan prévisionnel mondial du marché du sucre devrait être déficitaire pour les campagnes 2008/2009 et 2009/2010. Avec une production qui baisse fortement à 162 millions de tonnes (Mt) en 2008 contre 169 Mt en 2007 et une consommation en hausse qui atteindrait 166 Mt pour cette campagne, le déficit de production atteindrait 4 Mt, selon des chiffres confirmés par l'ISO (Organisation internationale du sucre) lors de son séminaire annuel, à Londres les 18 et 19 novembre.
Pour la campagne prochaine (2009/2010), des spécialistes de l'ISO prévoient une consommation à 170 Mt, alors que la production resterait au niveau actuel de 162 Mt, ce qui creuserait le déficit à près de 8 Mt. La CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) explique que «la consommation de sucre est directement reliée à l'accroissement de la production mondiale. C'est un produit qui est trop primaire, on ne voit pas comment la consommation pourrait baisser».
Cette baisse de la production mondiale n'est pas étonnante: la faiblesse des prix sur le marché du sucre serait la cause du désintéressement des producteurs. La CGB rappelle que «les prix du sucre n'ont pas suivi la flambée du prix des autres matières premières».
De même, l'Inde qui avait bousculé le marché en 2007/2008 redevient importatrice nette, et il est difficilement envisageable qu'elle repasse exportatrice. La production au Brésil devrait aussi être affectée. D'une part, la crise financière, qui a entraîné une crise du crédit, a gelé bon nombre d'investissements dans le pays. De nombreux projets de construction d'usines ou de réhabilitation ne verront jamais le jour. A cela s'ajoute une hausse des taux d'emprunt de 6% à presque 20% au Brésil, ce qui freine considérablement les achats d'engrais ou de produits phytosanitaires. Ainsi, le renouvellement annuel de 15% de surfaces brésiliennes de cannes à sucre pourrait en souffrir fortement.
«La position déficitaire de l'Europe n'arrange pas les choses et vient s'ajouter au reste», assure la CGB. Logiquement, avec ces fondamentaux, les prix devraient croître, mais selon la CGB, «si les prix flambent, on a une capacité de réaction annuelle au niveau des semis qui nous permettra de répondre à la demande». Elle rappelle néanmoins que la production n'est rentable qu'à partir de 400 €/t de sucre blanc hors quota.
La restructuration du secteur continue en Europe Les décisions de Bruxelles ont déjà eu leurs conséquences sur la situation du marché du sucre en Europe. «Cela fait depuis plusieurs campagnes que la production européenne est en dessous de la consommation», assure le Comité européen des fabricants de sucre (CEFS). «Le secteur a répondu aux attentes de l'Europe et devrait fermer 79 usines sur trois ans. La capacité des 104 unités restantes a été calculée sur la base de l'objectif de l'Europe de conserver un quota de 12 Mt de sucre de betterave (contre 16 Mt de consommation interne)», explique le CEFS. |