« Il est grand temps que le gouvernement mette de l'ordre dans la façon de gérer l'agriculture, et mette fin au scandale de la captation des moyens d'information et de communication », a souhaité Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysan, lors de ses vœux à la presse jeudi.
A l'approche des élections aux chambres d'agriculture, ce syndicat dit « minoritaire » s'est insurgé contre les prises de position marquées du gouvernement en faveur de la FNSEA « sous prétexte qu'il est le plus représentatif, alors que c'est justement maintenant qu'on doit définir la représentativité des différents syndicats ! ».
Avec 94 listes, c'est la première fois que la Confédération paysanne sera présente dans toute la France – sauf le Territoire de Belfort.
Le syndicat a rappelé ses priorités, à commencer par le « sauvetage de l'élevage », rappelant qu'aujourd'hui, même des gros élevages modernes disparaissent, et qu'« on est en train de vider les territoires ». « L'élevage illustre un type d'agriculture qui occupe le territoire et y crée de la richesse, a expliqué Philippe Collin. Exporter des céréales, c'est bien. Mais on nous présente ça comme une prouesse, alors que cela signifie qu'on va laisser la valeur ajoutée se faire ailleurs. » Le redressement productif ne doit pas se limiter à l'industrie, a-t-il souhaité.
Au sujet de la Pac, le syndicat défend une Pac ambitieuse dans le sens « juste et qui favorise la vie des territoires. » Pour cela, elle doit être redistributive : « Il faut arrêter de concentrer les aides sur les territoires les plus riches », a insisté Christian Roqueirol, secrétaire national. « Pour nous, la compétitivité, ce n'est pas qu'une question d'argent, c'est aussi du social et de l'emploi. »
Sur la loi d'avenir, la Confédération paysanne espère changer les conditions d'accès au foncier afin d'éviter la concentration des grosses fermes, revoir les parcours à l'installation et permettre à tous les paysans de s'organiser au sein des filières.
Interrogés sur les manifestations de la veille contre la directive nitrates, organisée par les majoritaires, la Confédération paysanne a jugé qu'il s'agissait d'un « artifice pour détourner l'attention ». « On est bien d'accord qu'il y a un empilement de normes pas adaptées et qui tuent l'élevage, on veut bien en parler, mais la vraie question est : est-ce qu'il y aura encore des paysans demain, et avec quel revenu ? », a expliqué Gérard Durand.