Le fipronil, utilisé dans de bonnes conditions agronomiques, ne serait pas responsable d’une toxicité expliquée sur les abeilles. C’est ce que conclut, Patrick Ravanel, de l’université de Grenoble, qui présentait ses travaux lors du colloque ''Pesticides et environnement'' organisé par l’Inéris, jeudi 8 novembre, à Reims.
Le chercheur a mesuré qu'à la floraison, soit 75 jours après le semis, 10% des 450 microgrammes de fipronil contenu dans le pelliculage de la semence ont migré dans la plante. Dans ces 10%, 9% sont retrouvés dans les racines les plus proches de la semence et le 1% restant est présent dans les parties aériennes, essentiellement dans les feuilles les plus basses. Dans le pollen, la concentration en fipronil est de 1 à 2 ppb (partie par billion). Or, la toxicité sur les abeilles est «quasi nulle à 10 ppb, pas beaucoup plus élevée à 100 ppb et devient forte à 1.000 ppb».
Patrick Ravanel propose en outre deux pistes d’utilisation du fipronil, dont l’utilisation a été suspendue depuis 2004. «Le taupin doit ingérer 3 mm² de pelliculage de la semence de tournesol, soit 13,5 microgrammes de matière active à la concentration de produit homologuée. Sachant que la toxicité sur le taupin est de 5 nanogrammes, il y a de la place pour réduire la dose», affirme-t-il. Le chercheur propose ainsi de passer d’une dose homologuée de 40 g/ha à une dose de 40 ou même 4 mg/ha.
Les travaux de Patrick Ravanel suggèrent aussi de formuler autrement le fipronil. «Il est absolument exclu de l’utiliser en traitement atmosphérique, poursuit-il. Mais je propose de l’utiliser sous forme d’appâts à enfouir pour éviter que d’autres insectes que ceux du sol y aient accès. L’avantage est de déconnecter traitement et semis, afin de pouvoir intervenir lorsque les populations de taupins sont en augmentation, avant le semis et après la récolte».
Trente matrices végétales ont été testées sur leur appétence vis-à-vis des taupins. Mais aucune expérimentation au champ n’a été possible depuis l’interdiction de la matière active.