La consommation de vin s'est légèrement tassée dans le monde en 2013, selon l'Organisation internationale du vin (OIV) qui signale que le marché américain est passé devant la France.
Au total, on a bu 238,7 millions d'hectolitres de vin dans le monde, soit 2,5 millions de moins (1 %) qu'en 2012, consommés pour moitié entre les Etats-Unis (29 millions d'hectolitres), la France (28 millions), l'Allemagne, l'Italie et la Chine, a précisé Jean-Marie Aurand, directeur général de l'OIV qui présentait mardi à Paris les grandes tendances de ce marché mondial qui représente 73 milliards d'euros.
Si en volume les échanges mondiaux ont baissé de 2,2 % (98 millions d'hectolitres) en valeur ils ont gagné 1,5 % à 73 milliards d'euros : « Le marché s'est globalisé : 25 % de la production mondiale étaient exportés il y a dix ans, c'est 10 points de plus désormais », assure-t-il.
Au passage, les Etats-Unis sont devenus les premiers consommateurs, dépassant pour la première fois le marché français. Car si la consommation américaine est restée quasi stable (+0,5 % tout de même, pour une population de près de 320 millions d'habitants), celle de l'Hexagone a fortement baissé (-7 %). Mais les Américains boivent surtout les vins locaux (80 % de la consommation) et parmi les vins importés, la France est loin derrière les vins argentins ou les vins chiliens.
Pour M. Aurand, c'est peut-être un effet de prix qui peut expliquer ce repli général après une faible récolte en 2012 mais s'agissant de la France, c'est plus certainement un simple « ajustement statistique ».
En Europe, l'Italie et l'Espagne ont connu pareil recul des consommations (respectivement -3,7 % et -2,2 %) ainsi que le Royaume-Uni (-0,5 %), passé au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis pour ses importations, celles-ci ayant reculé de 5 %. Seule l'Allemagne a augmenté sa consommation (+1,5 %).
Dans le reste du monde excepté les USA, hormis l'Argentine (+2,8 %) et la Russie (+1 %), l'Australie a également réduit sa consommation (-2 %) ainsi que la Chine (-3,8 %).
Pour ce dernier pays toutefois, en l'absence de statistiques officielles l'OIV établit une estimation de « consommation apparente » a précisé M. Aurand : à savoir (production + importations) moins exportations (négligeables).
« La production chinoise a baissé en 2012 du fait d'aléas climatiques, mais ce sont surtout les importations qui ont diminué en 2013 (-5 %), ce qui signifie sans doute qu'ils avaient des stocks importants », avance-t-il. La Chine est le cinquième importateur mondial de vin (1,17 milliard d'hectolitres en 2013).
M. Aurand constate cependant que « la reprise de la consommation tarde à se manifester, après un frémissement en 2012 » et depuis la baisse nette amorcée depuis 2008 et la crise financière. « Même si la tendance est à la hausse depuis 2012 », précise-t-il.
Au total, après des récoltes en hausse de plus de 9 % en 2013 avec 278,6 millions d'hectolitres, la planète vin retrouve un niveau comparable à celui de 2006 après plusieurs années de baisse. Trois pays assurent à eux seuls 45 % de la production mondiale de vin, Italie en tête (44,9 Mhl) suivie de l'Espagne (44,7 Mhl) et de la France (42).
Les premières estimations de récolte pour l'hémisphère Sud laissent entrevoir une baisse de 40 à 53 millions d'hectolitres (moins 10 % par rapport à 2013), notamment en Argentine, au Chili et au Brésil en raison d'intempéries (gelées tardives, grêle et sécheresse) ainsi qu'en Afrique du Sud. L'Australie serait en léger recul aussi, mais la Nouvelle-Zélande en hausse de 15 %. Ces estimations de prévisions encore précoces émanent des Etats ou des professionnels et sont à prendre avec prudence, souligne l'OIV. « Le chemin est encore long de la vigne au verre », rappelle M. Aurand.