«L'appellation d'origine contrôlée ne constitue plus une garantie de qualité ou de terroir pour la production viticole française», a estimé lundi l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, qui se fonde sur une enquête réalisée auprès de «75 professionnels représentatifs de la filière».
«Depuis un certain nombre d'années, on observe une baisse qualitative régulière dans beaucoup d'AOC qui a miné complètement la confiance des consommateurs vis-à-vis des AOC», a expliqué Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, lors d'une conférence de presse téléphonique.
Selon UFC, 40% des producteurs, négociants, oenologues et acheteurs interrogés indiquent que «l'AOC ne garantit pas de minimum qualitatif» et 65% d'entre eux que «l'AOC ne représente pas la typicité d'un terroir».
L'association dénonce plusieurs raisons: «course aux volumes, inflation des rendements, décrets d'appellation dépassés et agrément laxiste laissant passer 98% des productions présentées».
«Mais la perte de crédibilité de l'AOC s'explique aussi par la coexistence au sein de l'appellation de deux types de vins ayant des rapports qualité-prix différents et qu'il faut désormais séparer de manière officielle», affirme UFC-Que Choisir.
Selon elle, il existe «des vins ayant su garder un lien fort avec leur terroir et répondant à la définition originelle des AOC», et «des vins moins typés, répondant à une nouvelle demande du marché, mais qui ont vocation à se développer hors de l'AOC».
«En distinguant ces deux catégories par deux appellations distinctes, on répondra au double objectif d'éclairer le choix du consommateur et de sauvegarder le patrimoine des AOC», poursuit l'association de consommateurs.
Pour garantir la réussite de la réforme des AOC viticoles en cours de réalisation, l'association a formulé lundi ses propositions. Elle préconise la réécriture des cahiers des charges par les organismes de défense et de gestion (ODG) de chaque appellation en se recentrant sur la notion de terroir.
L'UFC-Que Choisir souhaite que l'Institut national des appellations d'origine (Inao) «arrête le flot des AOC au rabais» et qu'il ne valide pas les cahiers des charges ne répondant pas strictement à la notion originelle d'AOC. L'Inao doit aussi faire progresser le niveau qualitatif des vins en instaurant des sanctions «graduées, proportionnelles au niveau de démérite des productions».
L'association prône aussi la mise en place par les ODG d'un ensemble de contrôles aboutissant au déclassement des productions qui n'auraient jamais dû appartenir à l'AOC.