Les vendanges de 2008 devraient être les moins abondantes depuis plus de quinze ans en France, selon les professionnels qui craignent aussi une forte pression sur les prix de la part de la grande distribution, face à une demande en berne.
Après une année 2007 qui avait déjà donné lieu à une faible récolte, celle de 2008 devrait être encore plus maigre, avec une production inférieure à 43 millions d'hectolitres. C'est le niveau le plus bas depuis le gel de 1991.
«Ce sera une toute petite récolte sur l'ensemble des régions» mais elle sera «de bonne qualité», a affirmé jeudi Georges-Pierre Malpel, directeur de l'Office des fruits, des légumes, des vins et de l'horticulture (Viniflhor).
En juillet puis en septembre, Viniflhor avait déjà alerté sur une baisse de la production, en raison du mauvais temps qui avait sévi dans de nombreuses régions au début de l'été.
La récolte de cette année devrait être inférieure de 17%, soit 9 millions d'hectolitres, à la moyenne quinquennale 2003-2007.
Ce niveau très faible s'explique par une météo «instable» et l'émergence de maladies, mais aussi par l'arrachage de pieds de vigne.
Depuis 2006, 15.000 hectares sont arrachés chaque année, ce qui correspond à quelque 900.000 hectolitres. Le Languedoc-Roussillon, premier bassin viticole français, est la principale région concernée par cette pratique.
La faiblesse de la récolte ne devrait même pas soutenir les prix en raison du contexte économique et de nombreux négociants préfèrent écouler leurs stocks.
«Le marché est arrêté et les prix ne se forment pas», a constaté Françoise Brugière, responsable de la division des études de Viniflhor.
Selon elle, «les producteurs ne veulent pas vendre car ils espèrent une augmentation des prix mais la grande distribution comme les exportateurs ne sont pas prêts à accepter ces hausses».
«Depuis octobre, il y a un ralentissement extrêmement fort des commandes», a confirmé Louis-Régis Affre, délégué général de l'Association générale des entreprises vinicoles (AGEV) qui rassemble les négociants de vin.
En raison de la «crise financière et de l'accélération de la crise économique, tous nos clients (détaillants, restaurateurs, cavistes, grossistes, importateurs, distributeurs)» sont en train de «déstocker» pour «anticiper une baisse des ventes», a-t-il expliqué. Lui aussi fait état d'une «pression extrêment forte sur les prix».
«C'est le marché qui fait les prix», rétorque Jean-Luc Roché, responsable national des achats de vins pour le réseau Leclerc. «Si les prix augmentent cette année on les acceptera», a-t-il assuré avant de préciser qu'«il y a de nombreuses régions viticoles avec d'énormes stocks et cela ne permettra pas d'augmenter les prix malgré la faiblesse de la récolte.»
Les Français deviennent de plus en plus frileux: les foires aux vins de septembre et d'octobre n'ont pas rencontré le succès escompté avec un chiffre d'affaires qui a à peine décollé.
Le secteur doit aussi faire face à une tendance de fond, la baisse de la consommation.