Michel Barnier n’a pas livré, mercredi, à Cherbourg (Manche), devant l’assemblée générale de la Fédération nationale bovine (FNB), ses décisions concernant le bilan de santé de la Pac. Face à une salle acquise à une réorientation des soutiens vers l’élevage et au recouplage de la prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA), le ministre s’est interrogé sur l’intérêt du couplage.
Pierre Chevalier, le président de la FNB, s’est de nouveau prononcé pour une réorientation des soutiens vers les surfaces fourragères dans le cadre du premier pilier (soutiens aux marchés) de la Pac. Après avoir rappelé l’opposition de la FNB à la convergence des aides, il a réaffirmé que les producteurs allaitants étaient prêts à découpler 25% de la PMTVA pour contribuer au réééquilibrage.
«La réorientation doit être acceptable, a répondu le ministre. Elle doit être juste. Elle ne pourra être supportée par le seul secteur des grandes cultures. Et je mesure la signification de votre proposition d’un découplage de 25% de la PMTVA.» Et surtout, pour Michel Barnier, il est important que ce rééquilibrage ne divise pas le monde agricole, afin de garantir la légitimité de la Pac face à ses détracteurs.
En guise de touche finale à la partie de son discours sur la Pac, le ministre a assuré que derrière le bilan de santé se profilaient des «questions lourdes pour l’avenir. De vraies questions sur lesquelles il n’existe pas de consensus. Je ne le éluderai pas... je l’ai dit à Strasbourg (au Sommet du végétal, NDLR), il y a 15 jours.»
Parmi ses questions, il en est une qui concerne la PMTVA. Michel Barnier a dit s’interroger sur le lien entre une production et le soutien dont elle bénéficie. «Passe-t-il exclusivement par une aide couplée à la tête ou par une aide à la surface d’herbe couplée à un seuil de chargement minimal dont le non-respect se traduirait par une réduction significative de toutes les aides?»
Parmi les autres questions que se posent le ministre figure la justification future des références historiques et la convergence des soutiens à l’agriculture. «Ces questions sont déterminantes pour 2013, a-t-il insisté. Plus on les pose tôt, mieux ça vaut.»
Et il semble que le ministre soit prêt à prendre le temps de la réflexion, quitte à différer l’annonce de ses décisions sur le bilan de santé.