Le «Mouvement des agriculteurs en colère» prend de l’ampleur. Des producteurs du Sud-Ouest préfèrent jeter leur lait plutôt que de le brader aux industriels.
«De toute façon, nous n’avons rien à perdre, se désole Patrice Fis, éleveur de vaches laitières à Uglas, dans les Hautes-Pyrénées. Notre lait ne nous sert plus à rien, nous ne parvenons plus à sortir un revenu, alors mieux vaut le jeter. Nous sommes en dessous de l’esclavage, puisque même les esclaves étaient nourris pour leur travail». Mercredi 19 novembre, Patrice Fis et son voisin éleveur ont ainsi jeté près de 4.000 litres de lait, produit de la traite du lundi et du mardi.
Mais ces deux producteurs du plateau de Lannemezan ne sont pas les seuls à faire la grève des livraisons. Le «Mouvement des agriculteurs en colère» est parti de l’Aveyron, il y a une quinzaine de jours, où il a réuni, en une seule soirée, 350 producteurs, dont beaucoup étaient prêts à boycotter les laiteries.
«J’ai ensuite fait le tour des neuf départements producteurs de lait du bassin, confie Pascal Massol, éleveur à Cassagnes-Bégonhès et initiateur du mouvement. J’ai rencontré 800 agriculteurs au cours de réunions. Nous ne pouvons pas dire combien de litres de lait n’ont pas été livrés, mais nous savons que certaines usines ont fait venir des citernes de la Bretagne pour faire tourner leurs lignes de production.»
Indépendants des syndicats agricoles, qu’ils aimeraient motiver par leurs revendications, les «Agriculteurs en colère» du Sud-Ouest espèrent bien mobiliser leurs confrères des autres régions. Ils espèrent aussi que des milliers de litres de lait jetés permettront de reprendre les négociations nationales interprofessionnelles.
«Nous voulons un prix du lait qui avoisine 400 €/1.000 l, poursuit Patrice Fis. Or les industriels annoncent une baisse de 30 € au quatrième trimestre de 2008 et une autre de 50 à 60 € au premier trimestre de 2009. La Fédération a proposé une baisse de 10 € au quatrième trimestre et de 20 € au début de 2009, mais nous, éleveurs, ne sommes pas d’accord.»
«Nous refusons la baisse pour le dernier trimestre et demandons le remboursement de 27 € par tonne pour avril, mai et juin, conclut Pascal Massol. Du côté des entreprises, les coopératives semblent se désolidariser des industriels privés. Des négociations sont en cours.»
Une association sur le bassin En fin de semaine, les agriculteurs en colère ont créé l’Association des producteurs laitiers indépendants (APLI) du bassin Sud-Ouest. Les statuts sont en cours de dépôt. Une structure équivalente se créerait aussi en Auvergne et la Haute-Loire semble suivre le mouvement. |
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