Les négociations n'ont officiellement pas repris entre la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait) et les industriels. Les prochaines rencontres devraient avoir lieu la semaine prochaine. En attendant, les actions se sont ponctuellement poursuivies sur le terrain: blocages un peu partout à l'appel des FDSEA et de la Confédération paysanne, retrait des produits laitiers de grandes marques de Lactalis, Bongrain et Entremont des rayons de grandes surfaces dans la Manche...
Cependant, la FNPL n'est pas assez offensive au goût de certaines fédérations locales, qui sont plus virulentes. Ainsi, la FDPL du Puy-de-Dôme est «prête à aller jusqu'à une grève du lait, si la situation le nécessite, a averti Pascal Servier, son président. Les éleveurs ne sont plus en mesure d'absorber des baisses de prix. Si le lait recule de 30%, nous travaillerons sous le seuil de rentabilité. Et des négociations au niveau des Criel seront aussi difficiles qu'au Cniel: le moins-disant fera référence». «Si une région encaisse une baisse, les autres ne resteront pas protégées», renchérit Martial Marguet, président de la FDSEA du Doubs.
La Confédération paysanne a également rencontré des industriels dans plusieurs régions: la laiterie Gillot dans l'Orne, Elle et Vire dans la Manche, Lactalis dans la Loire... Sans résultats tangibles, d'où un appel à la mobilisation nationale dès ce mercredi. «Les responsables de la laiterie Gillot ne reconnaissent pas les 27 €/1.000 l reportés du deuxième trimestre et ils ne s'avancent pas sur les prix du quatrième trimestre, en s'abritant derrière les discussions nationales», regrette Yves Leperlier, responsable de la commission laitière du syndicat.
Les distributeurs ne sont pas oubliés. Dans le Doubs, des relevés de prix dans les principales enseignes, réalisées en octobre par la FDSEA et les JA, ont mis en évidence des marges de 35% sur le comté et de 30% sur l'emmental. «A l'heure où les grandes surfaces se vantent de conserver le pouvoir d'achat des consommateurs, nous pouvons nous poser des questions», concluent-ils.
Quant au ministère de l'Agriculture, il ne se mêle toujours pas de l'affaire: «Les pouvoirs publics ne s'immisceront pas dans une discussion privée, rappelle-t-il. Nous portons cependant le message suivant: il faut revenir à une production davantage maîtrisée pour éviter une baisse du prix du lait trop importante.»
En ultime recours, le prix du lait au quatrième trimestre serait fixé par les interprofessions régionales (Criel), comme cela s'est déjà produit depuis l'élaboration de la recommandation nationale en 1997. Le retour au niveau régional, c'est d'ailleurs ce qui se dessine à plus long terme.
Après avoir réaffirmé «le rôle essentiel de l'interprofession nationale dans le suivi du marché», le ministère prévoit que «les producteurs et les transformateurs discuteront ensuite du prix du lait au sein des Criel, sur la base des indicateurs nationaux». La DGCCRF semble considérer qu'un accord régional ne présente pas les mêmes inconvénients de non-respect de la libre concurrence que la recommandation nationale.