Déjà touchés par la hausse du prix de l'énergie, essentielle pour la production et le transport, les horticulteurs des Pays-Bas, premier exportateur mondial de fleurs et de plantes, ressentent durement les effets du ralentissement économique.
«Quand les gens n'ont pas beaucoup d'argent à dépenser, ils vont acheter du pain avant d'offrir des fleurs», soupire Mike Lansbergen, chargé des ventes chez un important producteur de gerberas, à Pijnacker-Nootdorp (ouest des Pays-Bas).
En septembre, les exportations vers la Grande-Bretagne, premier marché à l'exportation, ont chuté de 19% par rapport à septembre 2007, selon HBAG, un organisme de soutien au secteur.
Sur les neuf premiers mois de l'année, les exportations de fleurs ont baissé de 2% par rapport à cette période en 2007. Vers les Etats-Unis, elles ont diminué de 18%.
Un gerbera se vendait en moyenne 12 centimes d'euro en 2007, contre 10 centimes désormais. «Un bouquet coûtant deux euros ici sera vendu 15 livres en Grande-Bretagne», dit Mike Lansbergen, qui vend un million de gerberas par semaine, en maudissant l'effet du taux de change euro-livre anglaise.
«La confiance des consommateurs en berne ruine l'achat de produits de luxe comme les fleurs et les plantes» dans les trois premiers pays d'exportation que sont la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France, selon HBAG.
Les horticulteurs et exportateurs néerlandais «devraient être inquiets», estime Richard Caldwell, chargé du développement de produits chez le distributeur de fleurs canadien Sierra.
«Tout le monde dit qu'il est urgent de se tenir tranquille, de laisser passer la tempête», affirme-t-il.
«Personne dans le secteur ne sait ce qui va arriver. Les gens dépensent moins d'argent dans des produits qui ne sont pas indispensables», souligne le Canadien, venu faire des affaires à Amsterdam.
«Nos clients ont tendance à remettre à plus tard leur décision, ce n'est pas facile», constate Bart Sneek, du producteur de plants HilverdaKooij, qui exporte vers la Colombie, l'Amérique latine ou le Japon.
«Avant, il y avait toujours un pays où la confiance était un peu moins bonne, mais aujourd'hui, c'est dans le monde entier. Nous aussi sommes peut-être plus prudents», ajoute-t-il.
«Le pire», selon Mike Lansbergen, reste la hausse du prix de l'énergie, essentielle pour chauffer les serres et qui grève les budgets de transport de ce produit à durée de vie limitée.
«Les coûts de production ont augmenté de 20% et les prix de vente ont chuté de 20%, ça fait un trou de 40% dans nos revenus», résume-t-il.
Signe que le ralentissement a déjà touché le secteur, la maison de vente FloraHolland, qui réunit 5.400 horticulteurs et vend à l'encan chaque matin des millions de fleurs et plantes destinées au monde entier, a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2008.
Alors que son chiffre d'affaires avait augmenté de 4,4% en 2007, FloraHolland ne s'attend à aucune hausse des ventes pour 2008, et table sur une «prévision prudente» de 1% de croissance des ventes en 2009.
«La crise du crédit va encore plus s'étendre à l'économie réelle», explique une porte-parole. «Les fournisseurs et clients de FloraHolland sont prudents dans leurs investissements. Le marché se remettra d'aplomb au plus tôt en 2010.»
