L'Union européenne suspend à compter de jeudi toute nouvelle importation de viande bovine en provenance du Brésil, faute d'avoir obtenu des garanties sanitaires suffisantes sur la viande, un coup dur pour ce pays qui en est le premier exportateur mondial.
En décembre, l'UE avait prévenu le Brésil qu'à compter du 31 janvier 2008, les importations ne seraient autorisées que si la viande provenait d'une liste d'élevages sélectionnés respectant pleinement les obligations sanitaires en vigueur en Europe.
Les autorités brésiliennes ont proposé une longue liste de 2.600 fermes, que ne peut accepter en l'état la Commission européenne. En conséquence, les nouvelles importations seront suspendues à compter de jeudi.
«Il n'y a pas de liste qui donne satisfaction pour le moment. Cela signifie qu'à l'heure où nous parlons, aucune ferme ne sera autorisée à exporter vers l'Union européenne», a dit à la presse le commissaire européen à la Santé, Markos Kyprianou.
La suspension est temporaire. Le commissaire a ajouté que les fermes proposées par les autorités brésiliennes ne pourraient obtenir l'aval européen qu'après un examen qui prendra du temps, soit «sur la base de la documentation» fournie par le Brésil, soit «par le biais d'inspections (sur place) si nous le jugeons nécessaire».
Ce conflit, qui dure depuis près de deux ans, est né d'inquiétudes en Europe, sur la traçabilité du boeuf brésilien, alors que certaines régions du pays sont touchées par la fièvre aphteuse.
Le président de la Fédération des agriculteurs irlandais (IFA), Padraig Walshe, a salué «l'action résolue» du commissaire Kyprianou. Il n'a «pas eu d'autre option que de mettre en place une interdiction totale, dans la mesure où le Brésil n'a pas respecté les exigences de l'UE», a-t-il dit dans un communiqué.
«Le Brésil n'a pas été à la hauteur en termes de contrôle sur la fièvre aphteuse, de mouvement des bêtes et de traçabilité, de contrôles aux frontières et autres problèmes de santé animale», a-t-il ajouté.
Le président britannique de la commission de l'Agriculture du Parlement européen, Neil Parish, qui faisait campagne depuis un an et demi pour une interdiction, a estimé qu'il s'agissait d'un appel pour «que le gouvernement brésilien se ressaisisse». «Nous avons dit depuis longtemps que le principe de précaution devait l'emporter sur la question de la sécurité des importations de viande», a ajouté l'élu.
L'UE insiste en particulier pour que les bêtes au Brésil aient été gardées sur les sites choisis pendant une période d'au moins 40 jours avant l'abattage.
Cette décision fait suite à une visite d'experts vétérinaires européens dans le pays en novembre, où ils ont identifié «plusieurs déficiences graves et répétées dans les systèmes brésiliens de traçabilité et sanitaire», selon la Commission.
Trois Etats de ce pays, touchés par la fièvre aphteuse, font déjà l'objet d'un embargo de l'UE sur les importations de viande bovine.
Le Brésil est le premier exportateur mondial de viande de boeuf avec près de 2,5 millions de tonnes par an, soit le tiers du commerce mondial. Ces exportations ont représenté l'an dernier 4,5 milliards de dollars, en hausse de 15% par rapport à l'année précédente, selon la fédération brésilienne des exportateurs de viande (Abiec).