Le commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs, ainsi que plusieurs ministres européens de l'Agriculture, ont défendu lundi le recours accru aux biocarburants dans l'UE, malgré une nouvelle étude critique réalisée par la Chambre des communes britannique.
Un rapport de 40 pages de la commission environnementale de la Chambre des communes conclut que «le soutien aux biocarburants a été prématuré au regard des risques environnementaux importants associés aux technologies actuelles». Il ajoute que «la seconde génération de biocarburants pourrait jouer un rôle dans la réduction des gaz à effet de serre un jour dans l'avenir».
«La Commission est en profond désaccord avec les conclusions du rapport» de la Chambre des communes, a commenté Andris Piebalgs, en jugeant que le développement des biocarburants «entraîne des réductions significatives des émissions de gaz à effet de serre, en comparaison avec leur alternative, le pétrole».
Un document de travail interne, élaboré par un centre de recherche dépendant de l'exécutif bruxellois, également très critique sur les biocarburants, avait déjà suscité une vive réaction de défense vendredi de la Commission.
Bruxelles doit présenter mercredi un plan détaillé pour parvenir à ses objectifs de réduction des gaz à effets de serre vers 2020. Dans ce cadre, les biocarburants devront représenter 10% de la consommation totale d'essence et de gazole dans les transports en 2020 (contre 1% en 2005).
Une proposition législative précisera mercredi quels biocarburants pourront être pris en compte dans le cadre de cet objectif, impliquant l'exclusion des cultures ne permettant pas des économies suffisantes d'émission de CO2 par rapport à l'essence. Elle détaillera aussi des critères environnementaux, pour éviter notamment de porter atteinte aux forêts et terrains agricoles des pays en voie de développement.
La Commission a notamment souligné lundi que les biocarburants avaient l'avantage de réduire la dépendance de l'UE vis-à-vis des producteurs de pétrole et d'offrir des opportunités nouvelles aux pays pauvres.
«En attendant que d'autres technologies comme l'hydrogène deviennent compétitives, la seule alternative aux biocarburants est le pétrole», écrit la Commission dans son communiqué, en mettant en exergue le caractère très polluant de l'extraction et du transport des ressources pétrolières, ainsi que la forte hausse des prix de l'essence.
Plusieurs ministres de l'Agriculture européens, réunis lundi à Bruxelles, ont pour leur part réfuté une autre critique souvent adressée aux biocarburants, selon laquelle leur production sur des terres jusque-là destinées aux cultures alimentaires ferait monter les cours mondiaux de ces productions.
Pour le ministre de l'Agriculture français Michel Barnier, «la terre à usage agricole doit être consacrée à la production de nourriture», mais «il n'y a pas trop de risque en Europe, la surface utilisée pour les biocarburants est raisonnable».
Son homologue allemand, Horst Seehofer, a souligné qu'il ne fallait pas opposer produits énergétiques et alimentaires. La hausse des prix des aliments s'explique «par une demande mondiale en hausse, une modification des comportements alimentaires des pays émergents», a-t-il insisté.
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