La Commission européenne a défendu vendredi la nécessité de porter à 10% la part des biocarburants utilisés pour les transports dans l'UE, malgré des avis négatifs de ses services.
Un document de travail élaboré par un centre de recherche dépendant de l'exécutif bruxellois souligne le coût énorme de cette proposition pour les contribuables, estimé entre 35 et 65 milliards d'euros d'ici à 2020.
Ses auteurs insistent sur les menaces pour l'environnement d'une extension des cultures utilisées pour fabriquer des biocarburants et préconisent de les utiliser pour la production d'énergie, plutôt que pour les transports.
La Commission européenne a balayé vendredi ces objections. «Il s'agit d'une contribution parmi beaucoup d'autres et non d'un rapport scientifique», a déclaré Ferran Taradellas, le porte-parole sur l'énergie. «Nous avons beaucoup de rapports scientifiques qui nous ont permis d'arriver à nos conclusions», a-t-il assuré.
«La Commission européenne maintient sa proposition» d'imposer aux Etats membres l'utilisation de 10% de biocarburants pour les transports en 2020, a-t-il déclaré. Cet objectif avait été fixé par les chefs d'Etat de l'UE en mars 2007. Les biocarburants représentaient 1% de la consommation totale d'essence et de gazole dans les transports en 2005 et environ 3% aujourd'hui.
«Mais il ne s'agit pas de n'importe quels biocarburants, seulement des biocarburants durables», a précisé le porte-parole.
«Nous allons en outre fixer un seuil minimal de réduction de CO2» comme critère de sélection des cultures utilisées pour les biocarburants dans le paquet de mesures pour lutter contre le changement climatique qui sera présenté le 23 janvier, a-t-il ajouté.
La Commission s'interroge pour savoir à partir de quel seuil une culture destinée aux biocarburants sera considérée comme intéressante d'un point de vue écologique. Ainsi la transformation et l'utilisation de la canne à sucre pour les transports permet de réaliser 70% d'économie d'émissions de CO2 par rapport à l'essence.
Bruxelles envisage de fixer ce seuil à 35%, ce qui excluerait notamment certaines céréales de la liste des biocarburants considérés comme «durables». Le Parlement européen a évoqué un seuil de 50%, ce qui excluerait tous les oléagineux européens et pousserait les pays de l'UE à acheter la plupart des biocarburants à l'étranger.
La Commission européenne a répété vendredi ses arguments en faveur des biocarburants, notamment l'indépendance énergétique. «Les transports dépendent à 99% d'un seul produit, le pétrole, importé par l'Union européenne et dont le coût actuel, 100 dollars le baril, a un impact très fort sur les économies et continuera à avoir cet impact dans le futur», a souligné le porte-parole.
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