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Article 4 :

La production intégrée est une pratique environnementale et économique

Témoignage de Pierre Gegu, agriculteur à Villiers-en-Désœuvre, dans l'Eure.

Depuis 2002, avec une vingtaine d’agriculteurs, Pierre Gegu participe à des réunions organisées par la chambre d’agriculture de l’Eure sur l’agriculture intégrée. Sur son exploitation à Villiers-en-Désœuvre, il suit des itinéraires techniques allégés en prenant en compte son système de production global. «Je favorise ainsi mon autonomie de décision. J’essaie de me mettre en position de ne pas rencontrer de problèmes afin de ne pas avoir à traiter, c’est la stratégie de l’évitement.» Dactyle porte-graines, blé, escourgeon, orge de printemps, tournesol, chanvre, féverole se répartissent sur les 113 hectares de l’exploitation. La féverole apporte de l’azote dans la rotation et permet de décompacter le sol grâce à son système racinaire. Le chanvre, introduit en 2007, permet de travailler le sol et étouffe également les adventices. Le tournesol a remplacé le colza car ce dernier nécessitait beaucoup d’interventions, favorisait les limaces et entraînait la présence de beaucoup d’adventices.

Seuls le blé et l’escourgeon ont des itinéraires techniques bien définis en «intégré». «Pour les autres cultures, j’allège les interventions mais le dactyle, l’orge de printemps, le tournesol et le chanvre sont, à la base, des cultures peu exigeantes», précise l’agriculteur. Pour la féverole, le débouché en alimentation humaine exige un faible taux de grains brûchés. Pierre Gegu réalise donc entre un et trois traitements insecticides et zéro et deux fongicides selon les risques. Le désherbage entièrement mécanique est reconduit pour la troisième année.

 

Une baisse de 5 à 15% du rendement

En blé, le risque est assez bien maîtrisé. «Mon semis, retardé de trois semaines (20 octobre-1er novembre), me permet de régler le problème du vulpin à 80% ainsi que la jaunisse nanisante. Grâce à une densité moindre (de 160 à 180 gr/m²) et des variétés «rustiques» (Caphorn, Attlass, Mendel, Toisondor) qu’il m’arrive d’introduire dans des mélanges, je réduis aussi le risque de maladie.» Pierre Gegu ne traite qu’à demi-dose à la dernière feuille avec Opus (0,5 l/ha). Les apports d’engrais azotés sont décalés et une économie de 15 à 30 unités est ainsi réalisée. Cet itinéraire lui permet d’atteindre un potentiel de rendement estimé entre 65 et 85 q/ha selon les conditions pédoclimatiques. Au bout du compte, le rendement est inférieur de 5 à 10% par rapport à celui obtenu en conduite conventionnelle. «Pour obtenir la même marge en conduite intégrée et conventionnelle, le prix du blé doit être de 180 €/t. Mais, au-dessus, les deux itinéraires sont gagnants», précise Bertrand Omon, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Eure. D’autres gains apparaissent également sur la rotation. «Le calcul doit se faire tous les ans pour tenir compte de la hausse des prix et des charges. L’agriculture intégrée est une approche plus environnementale mais elle doit aussi être viable économiquement», rappelle Pierre Gegu.

Avec cette technique, seuls deux passages de pulvérisateur sont effectués en moyenne par campagne. Quatre ou cinq passages pour le travail superficiel du sol, selon la présence d’adventices et le type de sol sont aussi réalisés. Malgré le non-labour, les faux-semis et les rotations allongées permettent de mieux gérer la pression des adventices et des limaces. La diversification de la rotation permet aussi d’étaler le travail sur l’année. «Au bout de six ans d’expérience, les pratiques évoluent toujours selon les conditions climatiques. Le problème, c’est de savoir quand déclencher le traitement, mais l’expérience devrait remédier à cela. A la culture, il m’arrive de prendre plus de risques, mais rapporté à la rotation et sur plusieurs années, ce risque est lissé. L’agriculture intégrée nous pousse à nous poser beaucoup de questions agronomiques», note l’agriculteur.

par Isabelle Escoffier, Marie Le Bourgeois et Florence Mélix

(publié le 28 mars 2008)



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