Quelque 7.000 agriculteurs, selon la FNSEA, bloquaient jeudi soir 39 plateformes d'approvisionnement des grandes surfaces sur toute la France pour dénoncer les marges de la grande distribution.
Le mouvement de protestation, enclenché depuis plusieurs jours dans le Grand Ouest à l'initiative d'éleveurs en colère ayant devancé le mot d'ordre de la FNSEA, s'est élargi à toutes les régions, sauf l'Ile-de-France où se trouve pourtant le MIN de Rungis.
La mobilisation est importante, ce mouvement ayant, dans la soirée de jeudi, pris plus d'ampleur que prévu initialement.
La FNSEA qui en est à l'origine, avait évoqué dans un premier temps une petite trentaine de plateformes logistiques, soit environ la moitié des bases présentes sur le territoire.
Jeudi soir, la mobilisation en Bretagne restait la plus importante. Depuis la signature la semaine dernière d'un accord sur le prix du lait jugé très insuffisant, les éleveurs ont multiplié les actions sur le terrain, avant d'être rejoints par d'autres agriculteurs dont les productions (porc, fruits et légumes...) connaissent aussi des difficultés.
Au fil de la journée, après les Côtes d'Armor, le Morbihan, le Finistère, l'Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et le Maine-et-Loire, les blocages se sont étendus dans l'Oise, l'Eure et le Calvados.
La région Est est également entrée dans le mouvement. Après le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Meuse, la Franche-Comté s'est jointe à la protestation.
Dans le Sud-Ouest, les agriculteurs se sont donnés rendez-vous sur des plateformes à Saint-Paul-les-Dax (Landes), Beautiran (Gironde) et Saintes (Charente-Maritime). A Beautiran, quelque soixante manifestants se sont rendus ensuite sur le parking d'un Carrefour de l'agglomération bordelaise où ils ont renversé l'ensemble des charriots devant la porte du magasin.
A Saint-Paul-les-Dax, les agriculteurs, venus des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, ont monté une tente et déployé une banderole «Politiques, bougez-vous !» devant une plateforme Intermarché avant d'être reçus par la direction de la base logistique.
En Midi-Pyrénées, près de 200 agriculteurs venus des huit départements de la région ont bloqué dans la soirée, dans le calme, les deux entrées de la plateforme des magasins Casino à Fenouillet, près de Toulouse.
Dans le Sud-Est à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), entre 50 et 100 agriculteurs (principalement des maraîchers et des producteurs de fruits, mais aussi des viticulteurs et des éleveurs d'ovins), bloquaient jeudi soir l'entrée d'une centrale d'achat Logidis avec des palettes de bois et deux gros véhicules. Les producteurs qui devaient installer une serre en plastique pour y passer la nuit, ont affirmé qu'ils bloqueraient la plate-forme jusqu'à samedi midi.
A Cavaillon (Vaucluse), une centaine de producteurs empêchaient jeudi soir l'accès à la centrale Aldi, selon la FDSEA du Vaucluse.
«Il n'y a aucun souci majeur», a assuré jeudi soir la FNSEA qui a indiqué ne pas avoir «d'informations sur la présence de forces de police». Mais dans un communiqué vendredi, la FDSEA et les JA de la Manche rapportent que l'action de blocage de la plate-forme Logidis à Carpiquet initiée jeudi après-midi a dû être levée. En effet cette action a été perturbée pendant la nuit de jeudi à vendredi par «l’irruption d’un groupe d’agriculteurs non-identifiés» qui se sont livrés à «diverses manoeuvres et actions sur le site», selon les syndicalistes. Pour marquer leur désapprobation, les agriculteurs qui opéraient une «occupation pacifique des lieux» ont décidé de quitter les lieux immédiatement et de reporter leur action sur le siter de Verson (Calvados).
Les blocages, prévus pour 48 heures, devraient perturber les traditionnelles courses du samedi mais, selon les paroles du président de la FNSEA, les consommateurs «comprennent les paysans».
La relève avec de nouveaux manifestants est intervenue vers 6h00 du matin. Les agriculteurs prévoyaient de bloquer deux nouvelles plateformes, portant à 41 le nombre de plates-formes touchées dans toute la France. «On devrait tourner autour du même nombre aujourd'hui [vendredi]», a indiqué la FNSEA, en précisant qu'une «centaine de tracteurs» étaient mobilisés.
Dans la journée de jeudi, la FNSEA avait décidé la poursuite du mouvement en dépit d'un geste du gouvernement.
Les agriculteurs sont «en train d'être entendus par le gouvernement», mais ne vont pas lever dans l'immédiat le blocage des plateformes, a dit jeudi Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, impatient de voir «l'ensemble des membres du gouvernement» concernés par ce dossier se mettre au travail.
Il réagissait à une déclaration du ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, assurant que le gouvernement était disposé à envoyer des inspecteurs du ministère des Finances dans les grandes surfaces ne jouant pas «le jeu de la transparence» sur les marges des produits agricoles.
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