Environ 7.000 agriculteurs bloquaient en milieu de journée 41 plates-formes de distribution sur le territoire, selon la FNSEA, à l'origine de cette mobilisation qui ne touche pas l'Ile-de-France.
Prévu pour durer 48 heures, le mouvement a débuté officiellement jeudi soir, mais a en fait commencé depuis plusieurs jours dans le Grand Ouest à l'initiative d'éleveurs en colère contre le récent accord sur le prix du lait, jugé très insuffisant.
Des «contacts» ont lieu entre les différents ministères concernés et la FNSEA, afin d'organiser une réunion, vraisemblablement au ministère de l'Economie. Elle pourrait se tenir au plus tôt vendredi, plus probablement ce week-end, selon des sources proches du dossier.
Le principal syndicat agricole, qui a interpellé dans une lettre députés et sénateurs, réclame la création d'un «dispositif d'encadrement des marges» des grandes surfaces, déplorant les effets pervers de la loi de modernisation de l'économie (LME).
Ce texte «a conféré à la distribution un pouvoir de négociation encore plus grand qui, aujourd'hui, se répercute lourdement sur les équilibres économiques de leurs fournisseurs et par là même sur ceux des producteurs», déplore le syndicat, qui estime également que l'Observatoire des marges, mis en place en décembre 2008, «ne fonctionne pas».
Malgré un geste jeudi du ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, qui a assuré que le gouvernement était disposé à envoyer des inspecteurs du ministère des Finances dans les grandes surfaces ne jouant pas «le jeu de la transparence» sur les marges, les producteurs se sont mobilisés de façon plus importante que prévu.
Conséquence, les rayons pourraient être affectés ce week-end. «Les consommateurs peuvent s'attendre à des difficultés», a déclaré un porte-parole de Système U, quatrième groupe de distribution en France.
«La grande distribution repose sur le flux tendu, donc nos magasins n'ont pas de réserves. Cela veut dire qu'en cas de blocage, à très court terme, les magasins se retrouvent en rupture» de stock sur certains produits, notamment dans l'épicerie, a-t-il ajouté.
Déjà vendredi, un Intermarché de Clermont-Ferrand connaissait des difficultés. «On n'est pas livré depuis mercredi, les rayons commencent à être bien vides, pour tout ce qui est produits frais, crémerie, yaourts, charcuterie», a expliqué une employée.
Certains supermarchés ne souffrent toutefois pas encore, comme à Besançon ou Saint-Nazaire, où le patron d'un hypermarché Leclerc, Loïc Rigault, explique avoir «pris un certain nombre de précautions» avant les actions des agriculteurs.
Beaucoup de gérants disent toutefois craindre des ruptures de stocks lundi en cas de poursuite du mouvement, à l'image du Carrefour de Beautiran, au sud de Bordeaux.
D'où parfois une certaine amertume: «Faire retomber les difficultés des agriculteurs sur la seule grande distribution, c'est facile», a souligné le PDG de l'Intermarché d'Oullins (Rhône), Michel Perrutel, ajoutant: «évidemment, nous faisons des marges, mais nous avons du personnel et des charges à payer».
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