Les agriculteurs vont bloquer à partir de jeudi soir près de la moitié du réseau d'approvisionnement des grandes surfaces pour dénoncer les marges de la grande distribution qu'ils rendent en grande partie responsables de la baisse de leurs revenus.
La FNSEA, avec les JA, appelle à cette opération «vérité sur les marges» pour dénoncer l'opacité pratiquée par la grande distribution sur la formation des prix. L'accusation, maintes fois réitérée par les agriculteurs, prend une nouvelle dimension après l'accord sur les prix du lait, jugé très insuffisant par nombre de producteurs.
La FNSEA a annoncé que les 22 régions françaises seront touchées par l'opération de jeudi. Dans chacune d'entre elles, une ou deux plates-formes seront bloquées. Le choix est tenu secret pour des raisons de sécurité. Les blocages devraient perturber les courses du samedi.
Aucune enseigne n'est particulièrement visée, a assuré Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA et coordinateur de l'opération.
Jean-Michel Lemétayer, président du syndicat majoritaire, menace de recommencer l'opération dans un mois si le gouvernement n'apporte pas de réponse aux agriculteurs qui veulent «obtenir la vérité sur les prix et les marges».
Le syndicat demande l'«envoi de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans les linéaires» pour connaître les marges réalisées par les distributeurs.
Dans l'Ouest en particulier, première région laitière française, les éleveurs n'ont pas cessé leurs actions sur le terrain, depuis la signature du compromis sur le prix du lait mercredi dernier. Ils ont été rejoints par d'autres agriculteurs dont les productions (porc, légumes, fruits...) sont également en difficulté.
Avant même l'entrée en vigueur du mot d'ordre national de la FNSEA, le mouvement de protestation a commencé dans l'ouest de la France où la situation était tendue mercredi.
Depuis dimanche soir, les agriculteurs bloquent plusieurs plates-formes logistiques (Intermarché, Leclerc, Lidl, Casino...) de la grande distribution en Bretagne et dans les Pays de la Loire.
Des échauffourées ont eu lieu avec les forces de l'ordre, ces dernières délogeant les manifestants avant que ceux-ci ne reviennent réoccuper quelques heures plus tard.
A Saint-Gérand dans le Morbihan, où les forces de l'ordre les avaient repoussés mardi soir vers 22 heures avec des tirs de grenades lacrymogènes, une centaine d'agriculteurs, toutes productions confondues, ont réoccupé mercredi matin la plate-forme d'Intermarché qu'ils occupaient la veille.
Dans la nuit, les échauffourées se sont prolongées jusqu'à 4 heures dans la campagne environnante et, de 150 au moment de l'intervention des forces de l'ordre, le nombre de manifestants est monté à 600 environ, a-t-on indiqué de source syndicale.
La situation est identique à Rostrenen (Côtes-d'Armor), où les agriculteurs ont réoccupé mercredi matin la base Intermarché d'où ils avaient été évacués quelques heures plus tôt, et depuis le milieu de journée à la Scarmor, une base Leclerc à Brest.
A Guingamp (Côtes-d'Armor), trois hypermarchés ont été bloqués pendant plusieurs heures mercredi après-midi par les agriculteurs, entraînant la fermeture de deux d'entre eux pour le reste de la journée. En fin d'après-midi, entre 150 et 200 agriculteurs ont par ailleurs repris le blocage de la plate-forme Lidl en périphérie de Guingamp qu'ils bloquaient depuis lundi.
A la suite d'un référé, et avant l'intervention annoncée des forces de l'ordre, ils avaient levé le siège de cette base Lidl pendant quelques heures en milieu de journée. Ils en ont profité pour faire le tour des GMS (grandes et moyennes surfaces) et se rendre à la sous-préfecture où ils avaient déversé des chariots chargés précédemment sur les parkings des grandes surfaces.
D'autres plates-formes sont également bloquées dans l'Ille-et-Vilaine (plate-forme Carrefour à Chantepie dans la périphérie de Rennes, et plate-forme Casino à Gaël) et dans le Finistère (base Intermarché de Mellac).
Dans la Loire-Atlantique, une plate-forme Lidl était toujours bloquée mercredi matin à Sautron par 250 à 300 agriculteurs le jour et une centaine la nuit.
Dans la Sarthe, les agriculteurs occupent désormais les Comptoirs Modernes dans la périphérie du Mans, et la mobilisation reste forte malgré un référé, selon les syndicats.
Dans le Calvados, à Vire, une trentaine de producteurs de lait indépendants ont distribué du lait aux passants.
Dans l'Allier à Moulins, les agriculteurs du Puy-de-Dôme ont bloqué mercredi, dès l'aube, deux plates-formes de la grande distribution. D'après ces derniers, le blocage se poursuivait «dans le calme» mercredi soir.
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