« La ressource bois ne se limite pas à la seule forêt. Elle peut aussi provenir de bosquets, de haies, de ripisylves ou d'alignements d'arbres », constate Franck Sangouard, responsable de la ferme du lycée agricole de Mirecourt, dans les Vosges.
Ce potentiel énergétique est facilement accessible aux agriculteurs, mais reste inexploité. D'où l'initiative de l'établissement d'étudier l'intérêt de créer une filière de plaquettes de bois. De 2006 à 2009, un étudiant a réalisé l'inventaire du bois hors forêt disponible sur le territoire de la communauté de communes de Mirecourt.
« Il s'agissait de vérifier que ce projet était rentable et pérenne, qu'il ne menaçait pas la biodiversité, et qu'il n'entrait pas en conflit avec les personnes qui se chauffent au bois en bûche, les entrepreneurs de travaux forestiers et l'industrie du papier. »
L'autre idée était de séduire les agriculteurs en mécanisant la récolte à 100 %. Ce défi est relevé grâce à une « tête bois énergie », une espèce de gros sécateur qui sectionne des troncs jusqu'à 30 cm de diamètre et les met en fagot. Un broyeur, muni d'un grappin, se charge de les déchiqueter. Le chantier ressemble à un chantier d'ensilage. Il utilise les matériels habituels de la ferme.
Approvisionner une chaudière collective
« A condition d'être bien organisé », l'étude a montré qu'il était rentable d'aller chercher avec son tracteur tous les bois, dans toutes les conditions, dans un rayon d'environ vingt kilomètres. Le lycée produit à l'heure actuelle 500t de plaquettes par an. Et bientôt le double.
En 2011, la ville de Mirecourt veut investir dans une chaudière collective de 7 MW pour chauffer ses deux lycées ainsi que des édifices publics. Environ 3 000 t de plaquettes, fournies par l'ONF, la forêt privée et pour un tiers par la ferme du lycée agricole, couvriront 93 % des besoins en énergie de l'installation.
L'exemple de la filière des plaquettes qui tire une recette d'une frange de territoire, jusque-là considérée comme improductive, est aujourd'hui largement utilisé comme support pédagogique pour calculer une rentabilité ou un débit de chantier, raisonner le choix des essences, apprendre la plantation…
Le lycée de Mirecourt s'est orienté vers les énergies renouvelables en 2005. L'aspect « économie d'énergie » est depuis intégré à la plupart de ses modules de formation par la prise en compte de la consommation énergétique directe et indirecte liée à chaque acte de production.
La ferme cumule les équipements économiseurs d'énergie : panneaux photovoltaïques, chauffe-eau solaire, récupérateur de calories sur l'échappement de la machine à traire, prérefroidissement du tank à lait.
Depuis 2009, une plate-forme de compostage traite les déchets verts de la communauté des communes. « C'est une large palette d'activités "vertes" qui nous donne une belle carte de visite », commente Frank Sangouard.
Pas encore de méthanisation dans les lycées Le jour où une exploitation de lycée agricole possédera une installation de méthanisation est encore loin. Le projet le plus avancé est mené par le lycée agricole d'Obernai, dans le Bas-Rhin. Mais bien qu'il soit l'établissement pionnier en la matière, le lycée alsacien prévoit le début de la construction au plus tôt à la fin de l'année 2010. Le digesteur recevrait les effluents de l'élevage, des déchets verts et d'industries agroalimentaires, des boues de station d'épuration et des déchets stercoraires. L'activité de méthanisation constituera un support de travail pour les lycéens et élèves de BTS. L'équipe enseignante organisera d'abord des travaux liés spécifiquement à l'atelier méthanisation, tels que l'accueil, la traçabilité et l'analyse des intrants ainsi que le rationnement du digesteur. L'emploi du digestat fera l'objet d'études. Les étudiants analyseront ce fertilisant organique et détermineront lesmanières de l'intégrer dans le plan d'épandage. Les parcelles recevant du digestat seront suivies. Ensuite, le méthaniseur du lycée sera prétexte à des études plus globales : influence sur la macroéconomie du territoire, bilan carbone... Des organismes scientifiques pourraient prendre part aux recherches. par Nicolas Levillain |
par Alain Cardinaux et Henri Roy (publié le 26 mars 2010)
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