Publié le mardi 26 novembre 2013 - 17h12
Coop de France déshydratation a précisé, le mardi 26 novembre 2013 devant la presse, ses attentes en ce qui concerne le plan protéines qui sera présenté par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, le 17 décembre.
« Les surfaces françaises de luzerne sont passées de 130.000 hectares (ha) en 1993 à 65.000 ha en 2013 », s'indigne Jean-Pol Verzeaux, président de Désialis, leader européen de la déshydratation de luzerne et de pulpes de betterave.
Un comble lorsque l'on sait que la France importe 50 % de ses besoins en protéines végétales et que la luzerne couvre 10 % de la demande du pays. Si cette production bénéficiait de soutiens publics depuis 1978 via une organisation commune de marché (OCM) pour les fourrages séchés, en 2011 ce système s'est arrêté. Une aide transitoire, pour attendre la Pac de 2015-2020, a été mise en place via un plan protéines « luzerne déshydratée » qui représentait 125 €/ha en 2012-13, pour un budget total de 8 millions d'euros par an, reconductible chaque année jusqu'en 2014.
Si la production française a baissé en 2012-13 à 770.000 tonnes (t), selon Jean-Pol Verzeaux, l'érosion des surfaces a ralenti et le recul des volumes est davantage lié à deux années de production pluvieuses ayant entraîné des pertes de volumes récoltables.
Cependant, afin d'améliorer l'indépendance protéique de la France, la filière de la luzerne vise à atteindre 90.000 ha de luzerne cultivés dans le pays. Une nécessité, à entendre Serge Faller, directeur général de Désialis, qui dresse un tableau inquiétant du marché mondial des protéines végétales à l'avenir.
Selon lui, l'accaparement du marché par la Chine, qui importera 75 % du soja disponible à l'exportation en 2014, selon Oil World, ou par les Emirats arabes unis, qui ont décidé d'arrêter d'irriguer leurs cultures (ce qui impliquera une hausse des importations), va induire une concurrence mondial accrue pour l'approvisionnement en protéines végétales, dont les éleveurs français pourraient souffrir.
De plus, l'Espagne et l'Italie, premier et troisième producteurs européens de luzerne, exporteraient déjà 60 à 70 % de leur production de luzerne vers le Moyen-Orient. Mais, non contents de capter une part croissante du marché mondial, le Moyen-Orient, la Chine ou le Japon seraient en train d'acquérir des capacités de production de protéines végétales en Espagne et aux Etats-Unis, ce qui pourrait faire flamber les cours des protéines végétales pour les importateurs européens si la production locale n'est pas relancée.
La luzerne devrait pouvoir bénéficier du plan protéines que la Pac 2015-2020 permettra à la France, via 2 % des budgets du premier pilier, mais la filière a tenu à formuler un certain nombre de demandes. Ainsi, pour soutenir la culture dans les assolements, elle demande que soit conservée l'aide couplée d'environ 125 €/ha, que la luzerne puisse entrer dans les surfaces d'intérêt écologique et compter dans la diversification des assolements, mesures liées au verdissement.
Par ailleurs, un soutien en recherche et développement est demandé en génétique, via la sélection variétale, en agronomie, par le développement de systèmes de culture innovants, au niveau du process industriel, en limitant la consommation d'énergie, et au niveau des nouveaux débouchés, en montrant aux éleveurs l'intérêt de la luzerne vis-à-vis du complexe soja-maïs.
Enfin, dans la mesure où le plan protéines devrait profiter principalement aux polyculteurs-éleveurs, la filière de la déshydratation souhaite également que ce programme soutienne les producteurs de grandes cultures cultivant de la luzerne, estimant que les éleveurs ne pourront pas subvenir entièrement à leurs propres besoins.
François Guion
mardi 26 novembre 2013 - 22h31
berber40
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Autonomie?
mercredi 27 novembre 2013 - 12h14
C'est bien gentil de vouloir l'"autonomie protéique". Encore faut il que ce soit un minimum rentable (à aides égales) Si les surfaces en luzerne ont baissé, c'est que la rentabilité n'était pas au rendez vous. Sans compter que la déshydrater, c'est quand même limite en terme de gestion des ressources: l'énergie utilisée dans cette opération est beaucoup plus importante que celle utilisée pour transporter du tx de soja d'AmSud. Si les espagnols continuent à produire de la luzerne, c'est que leur climat leur permet (elle est pré sechée au soleil). A contrario, leur climat ne leur permet pas de produire des céréales à paille de manière efficace Évidement, si on commence à attribuer des aides selon tels ou tels critères, plus politiques qu'économiques, on ne s'en sortira pas. C'est exactement ce nous avons fait depuis 40 ans et nous voyons bien que ce système est à bout de souffle. Les aides sont un puissant levier de servitude. Que souhaitons nous?