Le tribunal de commerce de Coutances a renvoyé vendredi au 19 mars l'examen des offres de reprise sur les abattoirs AIM (590 salariés au total), placés en redressement judiciaire depuis le 6 janvier 2015.
« L'examen des offres sur AIM est renvoyé au 19 mars », a indiqué le procureur de la République de Coutances, Renaud Gaudeul, à l'AFP après une audience de plus de trois heures. Aucun repreneur ne s'est manifesté durant l'audience pour le principal site, situé dans la Manche à Sainte-Cécile (352 salariés selon la direction, 375 selon la CGT), selon le parquet. Mais il a été évoqué une « piste sérieuse », a précisé le procureur. Cette piste est évoquée depuis une semaine par l'administrateur judiciaire auprès des salariés.
« Quand nous sommes entrés dans la salle d'audience, nous étions morts. Nous en ressortons entre la vie et la mort, dans le coma », a résumé l'avocate des salariés, Elise Brand, en estimant que ce renvoi était « un message d'espoir ». « La volonté de l'Etat [de trouver un repreneur, ndlr] est là », celle des collectivités locales également, a-t-elle ajouté. Elle a souligné que l'entreprise à l'origine de la « piste sérieuse » exigeait le « total anonymat ».
Un « soulagement » inégalement ressenti
« Pour nous, représentants des salariés, c'est un soulagement : on a échappé à la liquidation. La piste sérieuse, on est obligé d'y croire. On va tout mettre en œuvre avec la direction, Cap 50 (actionnaire principal et fournisseur d'AIM) » pour qu'elle aboutisse, a déclaré Johnny Poisnel, délégué CFDT du site de Sainte-Cécile.
Les salariés de Sainte-Cécile ont voté vendredi soir, lors d'une assemblée générale, la reprise du travail lundi, à 157 voix pour, 60 contre et 11 abstention, selon la CFE-CGC. Le site est bloqué depuis le 19 février. Pascal, lui, ne sent « pas vraiment » soulagé. « A chaque fois, c'est repoussé. Ça devient fatigant. On nous parle d'un repreneur mais pour combien de personnes, pour faire quoi, on sait toujours pas », ajoute cet homme employé depuis 30 ans pour AIM à Sainte-Cécile.
Maintenus à l'écart de l'entrée du tribunal par une double rangée de barrières et la présence de CRS, plusieurs centaines de salariés des abattoirs AIM ont manifesté leur volonté de défendre leur emploi durant l'audience. « On veut du boulot », ont-ils scandé. Certains ont tapé sur des casseroles ou des tambours pendant près de deux heures.
« Si t'es fier d'être AIM, tape dans tes mains », « on ne courbe pas l'échine » ou encore « des millions pour le cochon, pas pour le patron », ont chanté des salariés en tenue de travail. Les manifestants espéraient qu'une offre soit déposée à la dernière minute, lors de l'audience, pour le site de Sainte-Cécile.
Des offres pour l'abattoir d'Antrain
Une offre avait été annoncée le 19 février par Declomesnil, une petite société de l'agglomération caennaise soutenue par Sofiprotéol, poids lourd des huiles et protéines végétales (Groupe Avril) présidé par le président de la FNSEA, Xavier Beulin. Mais cette proposition de reprise, qui prévoyait de conserver 118 des 350 à 375 emplois, avait été retirée quatre jours plus tard.
Pour l'heure, seul l'abattoir d'Antrain, qui emploie 179 personnes en Ille-et-Vilaine, fait l'objet d'offres, l'une prévoyant la sauvegarde de 107 emplois, l'autre de 71. AIM possède aussi des antennes à Dangy, Saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), de 5 à 24 employés chacune, qui ne font l'objet d'aucune offre de reprise.
AIM est l'un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution en France. Créée en 1956 et rachetée en 2003 par Cap 50, l'entreprise est détenue à 64 % par la coopérative et à 34 % par le groupe d'aliments pour bétail JDIS. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 246,7 millions d'euros en 2013.