L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation) s'est auto-saisie le 13 juillet 2012 de la question des co-expositions des abeilles aux facteurs de stress et a rendu son avis en juillet dernier.
En effet, depuis une cinquantaine d'années, le nombre de pollinisateurs tend à diminuer dans les pays industrialisés. « Ce déclin semble s'être accéléré depuis une vingtaine d'années, notamment chez les abeilles domestiques en France, avec des conséquences délétères sur les espèces végétales et sur les productions apicoles », ajoute encore l'Anses. Elle indique que : « la somme des travaux scientifiques publiés depuis le dernier rapport de l'Agence sur le sujet de la santé des abeilles (2009) permet aujourd'hui d'établir des conclusions plus robustes quant à la contribution des différents facteurs impliqués dans les troubles des abeilles et colonies d'abeilles. »
Caractère souvent multifactoriel des causes de mortalité
Même si des cas de mortalité d'abeilles sont parfois la conséquence de l'action d'un seul facteur, les experts soulignent ainsi le caractère souvent multifactoriel des causes de mortalité des colonies d'abeilles mais insistent tout particulièrement sur l'importance de leur co-exposition aux pesticides et aux agents biologiques dans le déterminisme de leur effondrement.
« La présence de nombreux agents infectieux (parasites dont Varroa en tout premier lieu, bactéries, champignons, virus) au sein des colonies, souvent asymptomatiques au départ, et leur exposition aux pesticides de diverses origines et mécanismes d'action (insecticides, fongicides et acaricides en particulier) entraînent selon toute vraisemblance le passage d'un état de santé normal à l'expression de pathologies conduisant à l'effondrement de la colonie », ajoute encore l'Anses.
L'Anses souligne la nécessité d'intervenir sur l'ensemble des facteurs identifiés comme contribuant à l'affaiblissement des colonies et rappelle en particulier l'importance : du maintien de la biodiversité ; de l'appropriation et du respect de bonnes pratiques apicoles ; de la diminution de l'exposition globale des abeilles aux produits phytosanitaires, par une maitrise renforcée du recours aux intrants dans les pratiques agricoles ; de l'utilisation de méthodes quantitatives dans la qualification du statut de la ruche vis-à-vis des agents infectieux, d'intégrer dans la procédure d'évaluation pré-AMM de la toxicité d'un produit phytosanitaire, des tests pour mesurer l'effet d'une coexposition chimique chronique, par voie orale ou topique, à une autre molécule (acaricide anti-Varroa fongicide insecticide)...