La saison commence mal pour les apiculteurs américains. Ils observent depuis quelques semaines que beaucoup d’abeilles partent butiner est ne regagnent pas la ruche. Ce qu’ils appellent le «syndrome d’effondrement de la colonie» se produit alors que les vergers, et notamment ceux d’amandiers, sont en fleurs et ne peuvent se passer d’abeilles pour leur fécondation.
En Floride, des apiculteurs et des chercheurs travaillent de concert pour trouver une explication à ces dépopulations. Ils se penchent sur l’émergence possible de nouvelles maladies, viroses ou mycoses, s’inquiètent de l’équilibre alimentaire de l’abeille, sans négliger la piste des produits phytosanitaires.
Outre-Atlantique, le fipronil n’a pas d’homologation en arboriculture ou sur fruits et légumes. Il est utilisé en traitement du sol en culture de maïs et connaît d’autres applications, notamment dans la protection du bois contre les termites ou en usage vétérinaire contre les parasites externes des chiens et chats.
L’imidaclopride se retrouve aussi dans différentes spécialités en traitement de semences ou en aspersion foliaire mais n’est pas autorisé sur l’amandier en Californie, l’Etat qui en concentre les plus grandes surfaces et où les pertes d’abeilles se situent entre 30 et 60% de l’effectif de la colonie.
Des chercheurs s’inquiètent aussi de l’impact des produits de traitement que les apiculteurs utilisent pour éliminer les parasites des abeilles, comme le varroa et s’alarment sur les risques de transmission de maladies liés à la concentration de ruches de toutes origines dans un espace restreint. La pollinisation des vergers étant bien rémunérée, des apiculteurs affluent de tous les Etats avec leurs ruches sur des semi-remorques, en direction de la Californie et de ses 235 000 ha de plantations d’amandiers.
En quelques années, les contrats de pollinisation sont devenus plus rentables que la production de miel pour les apiculteurs. Ils peuvent en effet gagner jusqu’à 140 dollars par ruche pour un mois de présence dans un verger d’amandiers, qui demande de 4 à 6 colonies par hectare. A cause du manque d’abeilles, le prix de cette prestation a triplé en dix ans et l’inflation va continuer, la surface des vergers d’amandiers devant augmenter d’environ 40.000 ha d’ici à 2010.
Confrontés comme en Europe à des pertes hivernales de colonies d’abeilles, les apiculteurs américains achètent beaucoup de «paquets d’abeilles», c’est-à-dire de petits essaims avec une reine, provenant essentiellement d’Australie. Là aussi, l’inflation est de mise, le prix d’une colonie frisant les 130 dollars US, soit deux fois plus qu’il y a trois ans. Les apiculteurs australiens ont désormais plus intérêt à produire des essaims d’abeilles que du miel.