José Bové a été condamné mercredi à 200 jours-amende à 60 euros, soit 12.000 euros, par le tribunal correctionnel de Bordeaux, pour «destruction volontaire» après une action anti-OGM menée en 2006 dans une exploitation agricole à Lugos (Gironde).
«C'est un jugement d'apaisement», a estimé le leader altermondialiste, présent à l'énoncé de la décision. «Personne n'aurait compris qu'il y ait de la prison ferme alors que les OGM sont interdits», a-t-il ajouté.
Huit mois de prison ferme et quatre ans de privation des droits civiques avaient été requis à son encontre lors de l'audience, le 27 août.
Marc Giblet, l'exploitant agricole chez qui avait été menée en novembre 2006 cette action, a été condamné pour «violences volontaires avec armes» à 160 jours-amende à 60 euros, soit 9.600 euros. Il avait tiré un coup de feu en présence des militants écologistes. Dix mois de prison avec sursis avaient été requis à son encontre.
Onze autres faucheurs volontaires qui comparaissaient au côté de M. Bové ont été condamnés à 3 mois de prison avec sursis.
«Soit vous payez les jours-amende, soit vous allez en prison» pour une durée équivalente au nombre de jours-amende, a indiqué la présidente du tribunal précisant qu'ils pouvaient bénéficier d'une «réduction de 20% du montant» s'ils payaient sous un mois.
Le 4 novembre 2006, José Bové, à la tête de 150 «faucheurs volontaires», avait mené une opération de «traçabilité des OGM» dans l'exploitation de Marc Giblet. Les militants anti-OGM avaient rendu impropre à la consommation une partie des 2.000 tonnes de maïs OGM contenues dans un silo.
Marc Giblet était arrivé au volant d'un 4x4 avant de faire feu dans la direction d'une passerelle du silo sur laquelle se trouvaient plusieurs militants qui venaient de déployer une banderole.
L'exploitant devra en outre, pour ces faits, acquitter 2.000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral à chacun des trois militants qui étaient sur la passerelle, et près de 10.000 euros pour avoir endommagé deux véhicules en les emboutissant avec son 4x4.
De leur côté, les 12 militants anti-OGM devront verser solidairement 1.500 euros pour préjudice moral à Marc Giblet. L'indemnisation de la récolte détruite fera l'objet d'une audience civile ultérieure.
Les magistrats bordelais ont rejeté la demande de 65 autres faucheurs volontaires qui s'étaient dénoncés eux-mêmes à l'audience, demandant à être jugés pour leur participation à la manifestation.
Les magistrats ont également rejeté «l'état de nécessité» invoqué par la défense des militants. Ainsi, l'un des faucheurs condamnés, apiculteur et voisin de Marc Giblet, estimait son action «légitime», sa production étant selon lui dévalorisée par la proximité des cultures OGM.
Les douze militants ont indiqué qu'il ne souhaitaient pas faire appel, Marc Giblet n'a pas fait de déclaration à la sortie de l'audience.