Les travaux de construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, suspendus depuis un an face à une forte opposition sur le terrain, pourront juridiquement débuter à partir de 2014, a annoncé le lundi 16 décembre 2013 la préfecture de la Loire-Atlantique, sans pour autant donner de date précise.
Quatre arrêtés environnementaux, deux en matière de loi sur l'eau et deux sur la biodiversité, qui autorisent le début de travaux préalables, vont être « très prochainement signés », a indiqué le préfet de la Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, lors d'une conférence de presse. « Ce chantier va commencer l'année prochaine », a précisé de son côté le directeur de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), Patrick Gandil, présent à la conférence de presse. Néanmoins, le préfet a aussitôt souligné que « l'affaire est trop importante pour que l'autorité publique donne des rendez-vous à qui que ce soit sur le calendrier, à aucune étape que ce soit ».
Il s'agit d'essayer « de capitaliser au maximum l'apaisement, l'échange, le partage de données (qui ont eu lieu lors de l'année écoulée pendant la suspension des travaux, ndlr) », a-t-il expliqué. L'autorité publique ne se laissera « imposer de contraintes, ni dans le sens d'un retardement, ni dans le sens d'une accélération du projet », a-t-il ajouté. « Une fois ces arrêtés signés [...], tout est ouvert pour le chantier... sauf les recours légaux », a-t-il en outre expliqué, précisant qu'il s'agira de « l'ultime confrontation juridique très importante ». Quelque 200 opposants anticapitalistes campent toujours sur le site prévu pour l'aéroport et risquent de perturber l'engagement des travaux comme ils l'ont fait à l'automne 2012.
« Carton rouge »
Les trois principales associations d'adversaires au projet, l'Acipa, le Cédpa et l'Adeca, ont donné un « carton rouge » à ce « feu vert » dans un communiqué commun. Elles ont dénoncé « la concertation qui n'a eu lieu que dans la forme » et « l'impossible confiance envers un Etat qui est juge et partie », réclamant une expertise indépendante des dernières études apportées au dossier, notamment par la DGAC.
Si les arrêtés font l'objet d'un « référé suspension », comme les opposants ont manifesté à plusieurs reprise l'intention de le faire dès leur publication, la procédure juridique qui s'ouvrira « suspendra l'autorisation » de travaux, a précisé M. de Lavernée. Les travaux attendront alors, pendant deux mois au moins (délai juridique minimum, ndlr), l'examen de ces recours. En outre, les transferts d'espèces protégées préalables aux travaux ne peuvent se faire qu'à des saisons précises. Les batraciens, en particulier les « tritons crêtés », devenus symboliques de la lutte anti-aéroport, ne peuvent être transférés qu'entre février et mai, les espèces végétales parmi lesquelles les « fluteaux nageants », en juin ou juillet, et les « capricornes », insectes réfugiés dans certaines souches de chênes, ne peuvent l'être qu'à l'automne.
Le calendrier politique – élections municipales en mars, européennes en mai – pourrait en outre entrer en ligne de compte afin qu'une éventuelle intervention des forces de l'ordre ne trouble pas les campagnes électorales locales, d'autant que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, est dans la ligne de mire des opposants car il s'était fortement engagé en faveur du projet lorsqu'il était maire de Nantes.
Les travaux préalables ont été suspendus à la fin de novembre 2012 à la suite de l'importante contestation rencontrée sur place par les forces de l'ordre, afin d'ouvrir une période de « concertation ». Une commission du dialogue a rendu, en avril 2013, des conclusions demandant des études supplémentaires et des garanties sur les compensations environnementales, auxquelles la préfecture estime désormais avoir répondu.
Le projet initial de cet aéroport, dont la concession a été confiée au groupe Vinci, prévoyait une inauguration en 2017, mais la suspension des travaux a d'ores et déjà reculé le calendrier d'un an. « On n'est pas à un an près ou même deux ans près pour réaliser cet aéroport », a souligné M. Gandil, qui a refusé de se prononcer sur une date d'ouverture.