La FAO (agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture) a présenté lundi un programme d'investissements de 65 milliards de dollars pour la «maîtrise de l'eau» en Afrique, en vue d'exploiter les potentiels agricole et énergétique du continent.
Ce programme pour «une révolution bleue» a pour objectif «la maîtrise de l'eau au niveau des villages, des périmètres irrigués et des grands bassins fluviaux, tant pour l'agriculture que pour la production hydroélectrique», a déclaré à Syrte (Libye) le directeur général de la FAO, Jacques Diouf.
«C'est la première fois qu'un bilan à court, moyen et long termes est dressé de manière aussi exhaustive et précise», a-t-il dit à l'ouverture d'une conférence ministérielle sur l'eau, l'agriculture et l'énergie en Afrique.
«Ce programme a été établi en étroite collaboration avec chacun des pays africains. Une fois les projets discutés, nous allons engager le dialogue avec les gouvernements concernés ainsi que les bailleurs de fonds», a-t-il précisé ensuite au cours d'un point de presse.
La conférence, organisée sous l'égide de la FAO avec la participation de délégués de 53 pays africains devrait valider les 964 projets définis par le programme.
Selon un communiqué de la FAO, l'Afrique doit tripler sa production alimentaire au cours des quarante prochaines années et assurer la fourniture d'électricité à des millions d'usines et de foyers pour dynamiser le développement économique du continent.
M. Diouf a souligné l'urgence d'une «accélération massive» des investissements dans l'agriculture, qui représente 17% du PIB et 57% des emplois en Afrique.
Au cours des trente dernières années, la production céréalière par habitant en Afrique n'a augmenté que de 0,14% (0,07% en Afrique subsaharienne), entraînant une hausse des importations de 136% à 56,4 millions de tonnes en 2008, a-t-il révélé.
Selon M. Diouf, l'agriculture irriguée, qui occupe 20% des terres arables dans le monde, ne représente que 7% en Afrique, contre 38% en Asie. Il a souligné par ailleurs que 4% seulement des réserves d'eau sont exploitées en Afrique contre 20% en Asie.
Ces performances décevantes de l'agriculture en Afrique, avec une croissance inférieure à celle de la population, ont eu des conséquences «tragiques» pour le continent, a-t-il dit.
En 2007, la crise alimentaire qui a frappé de plein fouet le continent a eu pour effet «une augmentation de 24 millions du nombre de personnes en Afrique subsaharienne souffrant de faim chronique», a-t-il indiqué, affirmant que «parmi les 36 pays affectés par la crise alimentaire dans le monde, 21 sont africains».
Sur le volet énergétique, M. Diouf a souligné «un déficit grave» malgré le «potentiel hydroélectrique et solaire considérable» dont dispose le continent.
Selon lui, l'Afrique subsaharienne est la seule région au monde où le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'électricité est en augmentation. Dans cette région, 74% des personnes vivaient sans accès à l'électricité en 2002. Dans certains pays de cette même région, ce taux tombe à 5% et à 2% dans des régions rurales.