Le Groupe Roquette (2.5 milliards d'euros de chiffre d’affaires) a décidé d’ajouter une quatrième corde à son arc. Après la transformation du maïs, du blé et plus récemment des pois, le numéro deux en Europe de l’amidon vient d’investir dans la production de micro-algues. Non pas pour la production de biocarburants, comme cela est parfois évoqué, mais pour produire des molécules à très forte valeur ajoutée qui ne sont pas synthétisées par les végétaux et qui pourraient être utilisées en nutrition ou dans l’industrie pharmaceutique.
Des débouchés en nutrition santé
«Les micro-algues sont de vingt à trente fois plus productives que les végétaux agricoles. Malgré cela, elles coûtent de dix à vingt plus fois plus cher à produire», a reconnu mardi Marc Roquette, président du groupe familial.
L’entreprise du Nord, qui vient de fêter ses soixante-quinze ans, vient de racheter la société allemande BPS, spécialisée dans la production de micro-algues qui emploie vingt-trois personnes mais dispose du plus grand «photo-bioréacteur» en eau douce au monde, constitué de 500 km de tubes de verre alignés sous des serres.
Roquette a également démarré un programme de recherche consacré aux micro-algues et soutenu par Oseo Innovation, AlgoHub, et souhaiterait racheter deux ou trois autres entreprises présentes dans ce domaine.
Un budget de recherche multiplié par deux en cinq ans
«L’innovation a toujours été le point fort de notre groupe, explique Marc Roquette. Dans les années à venir, nous allons renforcer nos investissements dans ce domaine, pour préparer la végéto-chimie de demain.»
Sur le site de Lestrem (Pas-de-Calais), une des 18 usines du groupe, mais aussi la plus importante, un nouveau laboratoire affecté à la chimie verte est en train de sortir de terre, de même qu’un nouveau pilote industriel de production de polymères (plastiques…) à base d’amidon.
Le groupe industriel qui consacre aujourd’hui 40 millions d'euros à la recherche (230 chercheurs dans le monde) a prévu de multiplier par deux ce budget d’ici à cinq ans. Il est persuadé qu’à terme, les végétaux remplaceront le pétrole dans de multiples utilisations.