Le Programme alimentaire mondial (PAM), organe des Nations unies, a annoncé mercredi qu'il allait devoir supprimer certaines missions, alors que les besoins sont accrus dans un contexte de crise économique, parce que ses promesses de dons ne se sont pas matérialisées.
La directrice du PAM, Josette Sheeran, a affirmé que le budget de 2009 de l'agence de «besoins évalués et approuvés» était de 6,7 milliards de dollars. Or, le PAM s'attend après consultation auprès des gouvernements à des dons de 3,7 milliards de dollars.
«Nous sommes confrontés à un déficit de fonds d'urgence dangereux et sans précédent. C'est principalement dû au fait que les besoins qui ont nettement augmenté l'an dernier en raison de la crise alimentaire n'ont pas diminué. En fait, ils ont augmenté, tout comme nous voyons augmenter le nombre de ceux qui ont faim», a dit Mme Sheeran à la presse à Washington.
«Donc, nous effectuons des coupes de 3 milliards de dollars dans notre programme, ce qui veut dire une réduction des rations et des missions à travers le monde, y compris celles à destination des personnes les plus vulnérables de la planète», a-t-elle ajouté.
La directrice de l'agence basée à Rome n'a pas donné de détails sur ces coupes ni de calendrier. Elle a refusé de citer les pays qui n'ont pas respecté leurs promesses de dons. Elle a expliqué que la chute des donations cette année était en partie due aux budgets serrés des gouvernements mis en place après la crise financière qui s'est accélérée à la fin de 2008, provoquant la pire récession depuis des décennies.
Mme Sheeran a aussi suggéré que l'impact de la crise n'était «pas aussi dramatique à la maison» dans les pays développés, réduisant le sentiment d'urgence à aider ceux qui ont faim dans le reste de la planète. Ceux qui vivent avec un dollar par jour ne peuvent plus aujourd'hui acheter qu'un tiers de ce qu'ils achetaient il y a quelques années, a-t-elle relevé.
Selon Mme Sheeran, 1,02 milliard de personnes souffrent de malnutrition dans le monde aujourd'hui.
L'an dernier, les besoins de l'agence ont doublé alors que les prix des denrées alimentaires flambaient, déclenchant des émeutes de la faim dans plus de 30 pays, notamment en Haïti, a-t-elle rappelé.
La directrice du PAM a souligné le rôle crucial de l'agence dans les pays en voie de développement qui pour 80% d'entre eux n'ont pas de filet de sécurité alimentaire.
Mme Sheeran se trouvait à Washington pour rencontrer des responsables de l'administration de Barack Obama, des parlementaires et des responsables de la Banque mondiale.
L'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a quant à elle annoncé jeudi que l'Arabie saoudite va financer l'organisation du prochain sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire en novembre à Rome, dont le coût est estimé à 2,5 millions de dollars.
Le directeur de la FAO, Jacques Diouf, s'est félicité de ce financement, soulignant qu'il y a «plus d'un milliard de personnes affamées dans le monde» et que «l'Arabie Saoudite continue à être à la pointe de la lutte contre la faim et la pauvreté», selon un communiqué.
Ce sommet, qui aura lieu du 16 au 18 novembre, a pour objectif de «renverser la tendance à la baisse» des investissements dans l'agriculture avec l'objectif de «doubler la production alimentaire pour une population mondiale qui doit atteindre 9 milliards de personnes en 2050», souligne la FAO.