Connues pour avoir envahi certaines plages de la Bretagne, les algues vertes gagnent désormais certains secteurs jusque-là peu touchés, comme la Normandie et le sud de la Loire.
« On est au début de juillet et déjà, on a ramassé presque 1.000 tonnes », soit l'équivalent des quantités relevées en une année il y a dix ans, se désole Serge Bigot, maire de Grandcamp-Maisy, une des deux communes les plus touchées dans le Calvados.
Selon l'élu, qui fait remonter l'apparition du phénomène à 2004, et son accélération à 2008, Grandcamp se retrouve certaines années avec un mètre d'épaisseur d'algues par endroits et les odeurs d'œufs pourris qui vont avec. Alors il faut ramasser.
Avec 3.700 m³ environ l'an dernier, la commune normande est encore loin des 9.000 m³ de 2013 à Saint-Michel-en-Grève (après 18.000 en 2012). Cette commune bretonne est habituellement l'une des plus touchées de sa région.
Dépôts importants
Le Centre d'étude et de valorisation des algues (Ceva) confirme cependant avoir observé en Normandie, en avion, des « dépôts importants » et précoces dès mai, alors qu'il n'y avait encore rien ailleurs en France.
Sont surtout touchés l'ouest du Calvados (Grandcamp et autour) et des communes côtières de l'agglomération de Caen.
Au-delà, « depuis quelques années, les algues vertes sont de plus en plus nombreuses en Basse-Normandie, ainsi que sur les îles de Noirmoutier, Ré et Oléron », alors qu'elles auraient plutôt tendance à régresser en Bretagne, où elles commencèrent à proliférer il y a 40 ans, estime Sylvain Ballu, du Ceva.
Le Centre d'études, basé en Bretagne, mais qui suit le phénomène au niveau national, vient même de placer la Normandie sous surveillance renforcée (avec cinq survols au lieu de trois par an).
Prolifération
Un constat de prolifération à « de nouvelles plages » souligné également, en janvier, par le commissariat au développement durable rattaché au ministère de l'Ecologie.
En 2012, les algues vertes ont recouvert 815 hectares de plages en Bretagne, 280 en Normandie, et 240 dans la Loire-Atlantique jusqu'à Oléron. Néanmoins, hors Bretagne et Grandcamp, les communes sont peu nombreuses à effectuer un ramassage, faute d'équipement et de budget.
L'agence de l'eau Seine-Normandie vient pour sa part de finaliser un document qui prévoit de demander aux usagers (agriculteurs, collectivités) une baisse de 30 % des apports en azote dans l'eau de mer d'ici à la fin de 2018 sur le bassin de l'Orne. Cette orientation, une première dans la région, pourrait aboutir à un arrêté préfectoral à la fin de 2015.