Tout a commencé le 7 juillet avec la mort de deux marcassins à Morieux. Puis avec huit nouveaux cadavres découverts le 23 juillet, deux le 26 juillet. Au 30 juillet, trente-six dépouilles ont été retrouvées à différents endroits de l'estuaire du Gouessant qui débouche sur une plage de Morieux, fermée en raison de la présence d'algues vertes. Ces sangliers faisaient partie d'un groupe d'une quarantaine d'animaux présents dans le secteur.
Les analyses sur les marcassins ont montré qu'ils avaient succombé à un étouffement dû à une présence de vase dans les voies aériennes supérieures. Pour les autres animaux, les premiers résultats d'autopsie n'ont pas permis de déterminer la cause de la mort. Le tableau clinique n'étant pas concluant, la préfecture a préféré faire réaliser des analyses toxicologiques complémentaires (voir encadré).
Trois hypothèses ont été émises pour expliquer cette hécatombe soudaine. L'inhalation d'une grande quantité d'un gaz toxique qui pourrait être de l'hydrogène sulfuré issu de la décomposition des algues vertes est une première piste. La seconde serait une intoxication par de l'eau contaminée, car la rivière Le Gouessant est chargée en algues microscopiques toxiques, dites cyanobactéries, susceptibles de se développer de manière importante dans les eaux douces et riches en nutriments.
Enfin, un empoisonnement volontaire n'est pas exclu, car les sangliers causaient régulièrement des dégâts dans les cultures des environs. Evoluant dans une zone protégée, ils ne peuvent pas être chassés.
Les associations écologistes, elles, n'ont pas attendu les résultats des analyses pour relancer la polémique. Elles sont convaincues de la responsabilité des algues vertes et le raccourci avec l'agriculture intensive, encore une fois, a été vite fait.
Depuis le début de l'affaire, les environnementalistes occupent le terrain médiatique, orchestrant de grandes mises en scènes. Ils ont notamment effectué des prélèvements des taux d'hydrogène sulfuré, avec constat d'huissier à l'appui, et rebaptisé la chapelle Saint-Maurice, qui domine l'embouchure du Gouessant, « Notre-Dame des algues ».
Avant même de connaître les résultats, ils réclament déjà un durcissement du plan algues vertes, déjà fortement contraignant pour les agriculteurs situés sur ces bassins versants.
Résultats toxicologiques très contrastés Lundi 1er août, la préfecture a présenté les premiers résultats d'analyses toxicologiques réalisées sur six sangliers. Ils montrent la présence d'hydrogène sulfuré, mais les taux sont très disparates (de 0,14 à 1,72 mg/kg dans les poumons, non détecté ou peu - 0,7 mg par litre - dans le sang). L'un des marcassins ne présente aucune trace de ce gaz, ni dans son sang, ni dans ses poumons. Du chloralose, un poison contre les rongeurs et corbeaux, a été détecté, mais pas en quantité suffisante pour tuer. « Les résultats ne permettent de tirer aucune conclusion sur les causes de la mort », a indiqué Philippe de Gestas-Lespéroux, secrétaire général de la préfecture, qui a demandé des compléments d'analyses sur le marcassin mais également sur l'air et la vase. |