Pain, lentilles, pâtes, riz, céréales du petit-déjeuner, pommes de terre, les féculents qui participent à l'équilibre alimentaire sont consommés en proportion insuffisante par les Français, montre une étude rendue publique le 23 mai 2013.
Seulement un homme sur deux et une femme sur trois suivent les recommandations nutritionnelles dans ce domaine, selon de premiers résultats d'une étude NutriNet-Santé réalisée auprès de 80.209 participants internautes.
Les féculents, riches en glucides complexes, pâtissent d'une mauvaise réputation : « ils font grossir ! » Pourtant, non seulement ils rassasient et évitent d'abuser, pour calmer les fringales, de sucres rapides et du gras, mais ils contribuent également aux apports en vitamines et minéraux ainsi qu'en fibres, bonnes pour la santé.
« Les Français n'en mangent pas assez », souligne Emmanuelle Kesse-Guyot, du Centre de recherche en nutrition humaine d'Ile-de-France (Inserm/Inra/Cnam/Paris 13), qui a dirigé ce travail. Et, contrairement à ce qu'on pourrait penser, « les obèses n'ont pas une consommation plus élevée que les autres », relève-t-elle. « Respectivement 67 % et 61 % des femmes en surpoids et obèses ne mangent pas assez de féculents », note-t-elle. Parmi ces derniers, elle souligne l'intérêt des céréales complètes (pâtes, riz, pain...), encore plus riches en fibres et nutriments.
Parmi les effets santé évoqués, une consommation de céréales complètes d'au moins 2,5 portions par jour, comparée à une quasi-absence de consommation, est associée à une réduction de 21 % du risque de maladies cardio-vasculaires. « Du pain complet au petit-déjeuner, des lentilles au déjeuner et du riz complet au dîner peuvent constituer un exemple d'au moins 2,5 portions par jour », explique la chercheuse.
Plus généralement, « la consommation de féculents varie peu ou pas avec la corpulence ». L'étude montre aussi que seulement 10 % des hommes et un 1 % des femmes en mangent trop.
A chaque repas
Le programme national nutrition-santé (PNNS) recommande simplement d'en manger « à chaque repas », souligne-t-elle. La quantité peut varier, selon l'activité physique, la taille, l'appétit, de façon raisonnable bien sûr.
Ce repère alimentaire est bien moins connu (seuls 22 % des nutrinautes le connaissent) que la recommandation de manger « au moins cinq fruits et légumes par jour » (connu de 86 % d'entre eux).
Pour l'équipe NutriNet-Santé, il devrait faire l'objet de campagnes d'information auprès du public pour stimuler leur consommation, notamment chez les gens qui veulent maigrir et qui s'en privent de manière injustifiée.
Les apports observés sont de 257 g/j en moyenne (300 g chez les hommes et 217 g chez les femmes), selon l'étude qui, pour les besoins de l'enquête, a utilisé des portions standards (une portion = 200 g pour les pâtes, riz ou lentilles cuites, 150 g pour les pommes de terre et 50 g pour le pain) et une norme repère de 3 à 6 portions par jour.
La consommation de pain augmente avec l'âge, alors que celle de pâtes et de riz diminue, tandis que la consommation de pommes de terre reste stable, sauf chez les plus de 65 ans où elle est légèrement plus élevée.
Le Limousin, la Bretagne et le Nord-Pas-de-Calais présentent des consommations élevées de féculents, la Région Paca et l'Alsace des consommations plus faibles.
Lancée en 2009, la grande étude Nutrinet-Santé sur la santé et l'alimentation regroupe 245.734 internautes, mais fait appel à de nouveaux volontaires (www.etude-nutrinet-sante.fr) pour atteindre l'objectif de 500.000 « nutrinautes ». Parmi les villes de plus de 100.000 habitants, Paris se trouve en huitième position en nombre de participants, derrière Dijon (premier), Nancy (deuxième) et Lyon (troisième).