Quelque 3.000 producteurs laitiers allemands ont manifesté mardi à Munich (sud), 500 tracteurs défilant dans la ville bavaroise alors que la filière réclame un soutien des pouvoirs publics sur fond d'effondrement du prix du lait.
Organisée par la fédération de producteurs BDM, dont émanent les chiffres de participation, la manifestation a réuni des producteurs partis le 24 août en tracteur de toute l'Allemagne. « Maintenant ça suffit », clamaient leurs pancartes, et de la poudre de lait périmée a été répandue sur la foule.
A quelques jours d'un sommet européen exceptionnel à Bruxelles sur les prix agricoles, le BDM a fustigé « l'inaction et l'attitude de déni » du gouvernement allemand. « Les producteurs doivent supporter tout ce que le marché libre leur fait subir, nous ne pouvons pas l'accepter », a déclaré dans un communiqué le président de la fédération, Romuald Schaber.
Le BDM, qui représente surtout des petites exploitations, réclame un plafonnement de la production en Europe. Privés du débouché russe, du fait de l'embargo décrété par Moscou l'an dernier, et alors que la demande chinoise fléchit, lait et produits laitiers abondent en Europe, conduisant à un véritable effondrement des prix. La grogne des producteurs, très forte en France à la fin de juillet, a petit à petit gagné aussi l'Allemagne.
Mais la proposition du BDM d'un plafonnement ne fait pas l'unanimité. « C'est exactement ce dont nous n'avons pas besoin », a réagi pour l'AFP le secrétaire général de la fédération européenne de l'industrie laitière EDA, Alexander Anton, faisant valoir que la surproduction ne concernait pas que l'Europe, mais aussi la Nouvelle-Zélande ou encore l'Argentine.
« Diverses idées et propositions circulent », a reconnu à Bruxelles le porte-parole du commissaire à l'Agriculture Phil Hogan.
Entre les gouvernements des 28 pays de l'UE, les remèdes à apporter à la crise actuelle, qui touche aussi notamment la filière porcine, font également l'objet de dissensions. Paris, qui a demandé la tenue du sommet le lundi 7 septembre, veut harmoniser les positions d'ici à lundi mais le ministre de l'Agriculture français, Stéphane Le Foll, a reconnu lundi qu'il y avait encore du travail pour y arriver.