Il y a moins d'un an, le lait était encore qualifié d'« or blanc » en Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial, mais la plupart des producteurs subissent de plein fouet la chute des cours mondiaux.
« C'est l'une des périodes les plus difficiles depuis mes débuts », confie à l'AFP Andrew Hoggard, qui préside le secteur laitier à la Fédération des agriculteurs de Nouvelle-Zélande. Il a démarré son activité en 1997 et son exploitation, de taille moyenne pour le pays, compte plus de 500 vaches laitières. Certains éleveurs ont dû arrêter la production de lait, même s'il ne s'agit que d'une « minorité » et la plupart ont dû emprunter. « Très peu d'exploitations sont rentables », constate-t-il, avant d'évoquer le prix payé par la coopérative Fonterra, dont il est l'un des 10.500 fournisseurs.
Le 7 août, Fonterra, qui produit la quasi-totalité du lait en Nouvelle-Zélande, a annoncé que les éleveurs toucheraient 3,85 dollars néo-zélandais (2,20 €) par kg de matière sèche pour la campagne en cours (juin 2015-mai 2016). Très loin du record de 8,40 dollars (4,80 €) atteint en 2013. « Cela représente beaucoup moins que ce que gagnent les producteurs français », explique à l'AFP l'économiste Gérard Calbrix, de l'Association française des transformateurs de lait. D'après ses calculs, la rémunération des producteurs néo-zélandais correspond à environ 200 €/1000 l.
Qu'ils soient européens ou néo-zélandais, les éleveurs souffrent en partie des mêmes maux. L'effondrement des achats chinois, l'embargo imposé il y a un an par la Russie et le ralentissement économique des pays producteurs de pétrole ont plombé la demande. L'offre, en revanche, n'a cessé d'augmenter, en particulier en Europe, conduisant à une surproduction. Mais la Nouvelle-Zélande est beaucoup plus sensible au marché mondial que l'Europe. Avec ses 4,5 millions d'habitants, elle ne peut pas compter sur son marché intérieur et exporte 95 % de sa production, principalement à destination de la Chine. Les produits laitiers représentent un quart des exportations totales du pays.
« Les agriculteurs ne touchent pas de subventions »
« Les agriculteurs ne touchent pas de subventions, ce qui rend la situation actuelle très difficile », reprend Andrew Hoggard. Pour autant, il n'y a pas de manifestations en Nouvelle-Zélande. « La réalité, c'est que trop de lait a été produit dans le monde. [...] Alors contre qui manifester ? », interroge-t-il. Il plaide pour une ouverture des marchés et dénonce les barrières douanières qui bloquent la route aux exportations, notamment en Europe.
Face à cette crise, Fonterra a supprimé plus de 500 emplois en juillet. Pour Andrew Hoggard, la coopérative doit désormais investir « dans des produits de plus haut de gamme, plus seulement dans la poudre de lait en gros, mais [produire] du fromage de qualité ». Quant aux fermiers, ils cherchent à réduire les coûts de production. « Nous observons déjà une diminution du nombre de vaches », dit-il.
Le directeur de Fonterra, Theo Spierings, s'attend à « une baisse de la production de lait d'au moins 2 % en Nouvelle-Zélande d'ici à Noël ». Cité le 29 août par le quotidien The Australian, il explique qu'il voit, à l'avenir, « des prix à la hausse mais en dents de scie ». « Les prix mondiaux resteront très volatils dans les neuf à douze prochains mois, car il y a trop de problèmes structurels au niveau de la demande », prévient-il.