Les agriculteurs argentins cesseront la commercialisation des céréales et des viandes à partir de vendredi et pour une semaine afin de protester contre la politique du gouvernement, ont annoncé mercredi à la presse les quatre fédérations qui les regroupent.
«Se faisant l'écho du malaise des producteurs et de la situation critique à l'intérieur du pays, la Commission de liaison (regroupant les quatre fédérations agricoles) appelle à la cessation de la commercialisation de céréales destinée à l'exportation, ainsi que de bétail», a déclaré le dirigeant agricole Carlos Garetto.
Le pays sud-américain est le premier exportateur mondial de farine et d'huile de soja, le troisième pour les graines de cet oléagineux, le second pour le maïs et le cinquième pour le blé. Il possède quelque 50 millions de bovins.
Les agriculteurs ont qualifié de «goutte qui a fait déborder le vase» la décision du gouvernement de poser son veto à une loi qui déclarait les zones de la province de Buenos Aires souffrant de la sécheresse exemptes d'impôts sur les exportations.
La cessation de la commercialisation des céréales et de viandes restera en vigueur «jusqu'au 4 septembre à minuit», a précisé Carlos Garetto.
«Il faut une mobilisation pour qu'on comprenne ce qui se passe», a dit un autre dirigeant agricole, Mario Llambias. Il a assuré que les fédérations n'étaient pour l'instant pas favorables à des coupures de routes.
La décision du gouvernement d'augmenter de 25% la taxe à l'exportation du soja, principale richesse du pays, avait provoqué un conflit de six mois paralysant le pays en 2008. Les fédérations agricoles avaient alors cessé à plusieurs reprises toute commercialisation de céréales et de viandes et avaient dressé des barrages sur les routes à travers le pays.
Jeudi dernier, la présidente Cristina Kirchner avait provoqué la colère des agriculteurs en obtenant du Congrès le renouvelement pour un an des pouvoirs lui permettant de fixer de manière discrétionnaire les taxes à l'exportation. Mme Kirchner avait décidé de passer en force au Congrès, malgré sa déroute aux législatives de mi-mandat fin juin, avant le renouvellement des chambres le 10 décembre. Après cette date, le parti au pouvoir n'aura plus de majorité.
Mais son parti avait adopté à la Chambre des députés, sans s'en apercevoir, un amendement déclarant les zones souffrant de la sécheresse exemptes d'impôts sur les exportations. Ce qui a poussé le gouvernement à opposer son veto à cette mesure.
L'Argentine devrait, selon les analystes, enregistrer une baisse de 20 à 25 milliards de dollars de ses revenus annuels issus de l'exportation de matières premières, en raison de la sécheresse et de la chute des cours. Elle a exporté en 2008 des produits agricoles et agro-alimentaires pour 35 milliards de dollars.