Arnaud de Beaucaron, directeur général de l'Etoile, société qui détient près de 10% du marché de l'assurance agricole (1), avec 12.000 sociétaires, répond aux questions de "La France Agricole" sur l'assurance récolte.
Les producteurs de grandes cultures ne seront plus couverts par le dispositif public à partir de 2009. Quelle répercussion cela a-t-il eu sur la campagne d'assurance?
Moins de 1% de nos assurés céréaliers et viticulteurs ont contracté une assurance multipérils. Seuls ceux qui ont les plus gros risques se sont assurés. Cette année, nous avons été pénalisés par le flou réglementaire et la publication beaucoup trop tardive des arrêtés. Nous attendons encore les modalités de fonctionnement de la déduction pour aléas (DPA): quel niveau de franchise sera nécessaire pour bénéficier de l'avantage fiscal de la DPA, sans tomber dans la non-assurance? Si on ajoute la baisse de la subvention publique, qui prend en charge 25% de la cotisation contre 35% auparavant, l'assurance récolte manque d'attractivité pour les agriculteurs. Pour nous, 2009 reste une année expérimentale et nous restons sur la réserve.
Que faudrait-il pour que l'assurance récolte soit attractive?
Il faudrait d'abord augmenter fortement les subventions publiques aux assurances multirisques climatiques: 25% de la cotisation n'est pas suffisamment incitatif! Plus il y aura d'assurés, plus les risques seront mutualisés et les coûts diminués. En revanche, nous pensons que le risque «grêle» n'a pas besoin d'être subventionné pour les grandes cultures.
Travaillez-vous sur l'assurance «fourrage»?
On y travaille, bien sûr, mais il est hors de question que nous l'expérimentions sans soutien public: nous ne pouvons pas prendre tous les risques. Nous assurons déjà le maïs ensilage à hauteur des rendements en grain des années antérieures.
L'annonce de Michel Barnier d'allouer 100 millions d'euros pour la généralisation de l'assurance récolte va-t-elle donner une nouvelle impulsion en 2010?
L'affectation de cette enveloppe reste à définir, mais on peut envisager une montée en puissance de l'assurance récolte. Davantage d'exploitants devraient y avoir recours. En effet, de même que les grandes cultures cette année, la vigne et les légumes industriels devraient quitter le champ d'indemnisation du FNGCA (2) en 2010 et l'arboriculture en 2011, pour les risques climatiques. Tant qu'il y a cohabitation entre les deux couvertures pour les risques climatiques – FNGCA et assurance privée – la gestion est difficile.
Nous nous tiendrons prêts pour 2010 et nous avons besoin de visibilité rapidement. Nous pourrons proposer dès juillet 2009 nos contrats pour la campagne de 2010, à condition aussi d'avoir suffisamment de capacité en réassurance privée et publique.
Arrivera-t-on à une assurance «chiffre d'affaires»?
Nous y réfléchissons mais nous nous heurtons pour l'instant aux règles de l'OMC qui la considère comme un soutien du prix.
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(1) L'Etoile propose deux contrats multirisques climatiques. L'un assure par culture avec une franchise de 25%. Le second couvre davantage la grêle, avec une franchise de 5 à 10% à la parcelle.
(2) FNGCA: Fonds national de garantie des calamités agricoles.