Alors que la production mondiale de blé est attendue pour battre des records cette année, l'Australie affiche une prévision en hausse de plus de 70% de ses volumes récoltés. Selon l'Abare, l'agence gouvernementale de recherche économique, le pays s'apprête à engranger 22,4 millions de tonnes (Mt) de blé en 2008-2009 et retrouverait donc les volumes qui étaient les siens avant la terrible sécheresse de ces deux dernières années.
La hausse de production a été attendue sur l'ensemble du «wheat belt» (la ceinture de blé) australien, avec une mention particulière à l'Etat de Nouvelles-Galles-du-Sud, qui produit cette saison 6,6 Mt, soit cinq fois plus que l'année précédente. A l'autre bout du pays, le grenier à blé de l'Australie-Occidentale, qui pèse traditionnellement près de 50% de la production nationale, ferait un bond à 12 Mt, contre moins de 8,5 en 2007.
L'absence de précipitations en juillet et août avait pourtant fait craindre le pire, avant que «les dernières pluies tombées en septembre n'arrivent à temps pour assurer une bonne récolte», commente Phillip Glyde, directeur de l'Abare.
Le troisième exportateur mondial de blé se prépare à récupérer son rang, en plaçant près de 16 Mt sur le marché international, soit 84% de plus que l'an passé. De quoi doper les exportations, qui grâce aux céréales devraient encaisser un peu plus de 8 milliards d'euros en 2008, en hausse de 25%.
Malgré la baisse continue des prix mondiaux ces derniers mois, les cultivateurs s'attendent à recevoir leur part du gâteau. «Grâce aux volumes, le retour pour les cultivateurs devrait être de 15% supérieur à l'année dernière», estime Joe Candeloro, céréalier en Australie-Occidentale.
Surtout que la tempête financière qui s'abat actuellement sur le pays a des effets bénéfiques pour les exportateurs. En dévaluant le dollar australien de 30% en deux mois, elle redonne un avantage tarifaire à la production.
Déjà, certains pays comme l'Irak et l'Iran lorgnent avec insistance sur le blé australien, dont la commercialisation a été dérégulée en juillet dernier pour permettre aux producteurs de pouvoir faire jouer la concurrence. Autant de facteurs qui devraient redonner un peu d'air à une filière en grande difficulté pendant plus de deux ans.
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Une quinzaine de compagnies autorisées à commercialiser du blé C'est une page historique qui s'est tournée le 1er juillet dernier en Australie. En libéralisant les exportations de blé en vrac, le gouvernement a définitivement mis un terme à la situation de monopole qui prévalait dans le pays depuis plus de soixante-dix ans. Exit AWB (Australian Wheat Board), englué dans le scandale des pots de vins versés par la compagnie en Irak, entre 1997 et 2003. Une nouvelle autorité de régulation, indépendante des producteurs, a été mise en place sous la responsabilité du ministre de l'Agriculture. Cette nouvelle entité, baptisée Wheat Export Australia, a déjà autorisé une quinzaine de compagnies à commercialiser du blé australien. Avec cette réforme importante, les céréaliers ne jouissent plus du filet de sécurité que leur apportait le guichet unique en termes d'accès des marchés ou de prix de vente garanti, mais ils peuvent aller au plus-offrant. Cette libéralisation sous contrôle de l'Etat devrait permettre d'apporter de nouveaux débouchés au blé australien, tout en évitant certains errements du passé. |
