«Autant les marchés, et plus exactement les débouchés commerciaux des entreprises bretonnes, ont été le principal facteur limitant de l’activité des volailles de chair en Bretagne ces dernières années, autant il apparaît que la capacité de production devient aujourd’hui le principal facteur limitant.» C’est le principal enseignement qui ressort d’une étude prospective sur l’avenir des exploitations bretonnes vers 2015 réalisée par les chambres d’agriculture de Bretagne.
L’étude met en évidence deux périodes distinctes d’ici à 2015. Une première de 2007 à 2013 où le marché tire la production, avec le constat d’un déficit de bâtiments avicoles. Une deuxième période, après la suppression du mécanisme des restitutions, avec un parc de bâtiments qui devient excédentaire.
«La production et les abattages de volailles de chair baissent depuis 1998. La volaille souffre d’un déficit de compétitivité sur les marchés d'exportation et intracommunautaire, explique Gwénola Floch-Penn, coordinatrice de l’étude. Selon les hypothèses retenues, la production devrait baisser de 38% d’ici à 2015 (367.000 tonnes-équivalent carcasses). Sur la même période, le scénario «exploitations» prévoit une diminution du parc de bâtiments de l’ordre de 1.400.000 m² compte tenu des facteurs démographiques, économiques, réglementaires et environnementaux.
«En confrontant les scénarios, nous nous sommes rendu compte que nous aurions à faire face à un déficit de m² pour fournir les besoins du marché», explique l’ingénieur.
«Cette situation contrastée, mais stimulante, va nécessiter de la souplesse dans la gestion du parc de bâtiments et l’amélioration de la rentabilité dans les élevages, estime Gwénola Floch-Penn. Les premières années, où les marchés tirent la production, si l’on veut répondre à la demande, il faut essayer d’atténuer les départs anticipés, encourager un taux de reprise.»
«L’enjeu pour les années à venir va être de maintenir un parc avicole performant en améliorant la rentabilité globale des élevages, le recours à des bâtiments neufs étant peu envisageable économiquement, confie-t-elle. Cela passe par la rénovation des bâtiments existants, la formation technique des éleveurs, l’optimisation de la transmission des ateliers. Le plan d’action nécessite également une optimisation des relations entre producteurs et industriels, notamment une revalorisation des prix de reprise et l’amélioration des indicateurs techniques (qualité d’aliment, IC, qualité poussin, GMQ et taux de perte).»
Départs d’aviculteurs Sur les trois dernières années, le bilan démographique entre les cessations et les installations s’est soldé par la perte de 110 chefs d’exploitation en Bretagne. 107 aviculteurs de moins de 50 ans cessent leur activité chaque année et pas seulement pour des raisons économiques. Le taux de succession des aviculteurs qui partent à la retraite est de seulement 28%. |