La baisse des cours de certaines matières premières agricoles, des céréales notamment, semble avoir peu d'impact sur les prix dans les magasins, mais des distributeurs promettent des réductions dès l'automne, à condition que les fournisseurs acceptent de réviser leurs tarifs.
La semaine dernière, des associations de consommateurs ont déploré que le recul des prix des matières premières depuis juillet ne se répercute pas encore sur les étiquettes, dénonçant une hausse de plus de 4% des prix alimentaires depuis le début de l'année.
«Le marché de la distribution baisse en volume. Il est obligé de baisser les prix s'il veut retrouver le chemin de la croissance», estime Serge Papin, patron du groupement Système U (Hyper U, Super U, Marché U).
La loi de modernisation de l'économie (LME), entrée en vigueur cet été, contribuera à ces baisses, selon les distributeurs, puisqu'elle autorise ces derniers à négocier plus librement les tarifs des industriels.
Grâce à ce dispositif, Leclerc prévoit une hausse des prix «limitée» à partir de décembre à 2% en rythme annuel.
«C'est comme s'il avait une boule de cristal. Nous n'avons aucun élément concret qui nous permet de dire que l'on va arriver à 2%», a rétorqué Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires, gros fournisseur des distributeurs.
Pourtant Carrefour, Système U et Intermarché vont plus loin, tablant sur des baisses dans leurs magasins dès cet automne. Ils ont remis les contrats qui les lient aux fournisseurs sur la table, réclamant des tarifs meilleur marché en raison de l'accalmie des cours du pétrole, du blé et du riz.
«Il n'est plus possible de continuer à évoluer sur des tarifs aussi élevés», a expliqué François Gazuit, directeur général d'Intermarché alimentaire.
Les négociations sont en cours et les baisses obtenues seront répercutées sur les consommateurs, promettent les enseignes.
En début d'année, les fournisseurs de produits à base d'oeufs, de riz, de blé ou de lait avaient présenté des hausses de tarifs de plus de 10%, pour prendre en compte la flambée des cours agricoles, selon des distributeurs.
«Nous, les fournisseurs, nous ne sommes pas masochistes. Nous n'avons aucun intérêt à ce que nos prix soient trop élevés. Si nous avons la possibilité, sans que cela accentue la baisse des marges, de baisser nos prix, on le fera bien évidemment», a assuré M. Buisson.
«Il faut vérifier dans les deux ou trois mois qui viennent que l'on entre bien dans un cycle baissier (des matières premières, ndlr). On peut raisonnablement penser qu'il va y avoir une baisse de pression sur les produits alimentaires grâce aux matières premières, c'est clair», a-t-il estimé.
Cependant, certaines matières premières continuent de grimper. Le groupe fromager Bongrain (Caprice des Dieux) a d'ores et déjà annoncé une prochaine «hausse significative» de ses tarifs pour faire face à l'augmentation «exceptionnelle» des prix du lait.
«La LME est un dispositif extrêmement intéressant, mais qui est dépendant du levier macro-économique (croissance, cours des matières premières). Elle devrait permettre de limiter l'inflation, mais il y a peu de chance qu'on entre dans une déflation», a estimé Laurent Przyswa, spécialiste du secteur chez Kurt Salmon Associates.
Avec la LME, on risque de voir se creuser l'écart «entre les distributeurs qui proposent des prix bas tous les jours comme les discounters, Leclerc ou Intermarché, et ceux qui ont des prix moyens plus élevés, mais des promotions très agressives», a-t-il ajouté.
Carrefour et Système U viennent de lancer le bal des promotions, proposant des baisses draconiennes (jusqu'à 21%) sur 140 produits de grande consommation.